Le colloque international aura lieu les 5 et 6 novembre 2020, uniquement en visioconférence. Il est organisé par des doctorants en histoire du Centre Norbert Elias, avec le soutien de l’EHESS et de l’Université La Sapienza de Rome. Il reçoit le label scientifique « Université Franco-Italienne ».

Comité scientifique : Daniele Argenio, Giovanni Contel, Florie Imbert-Pellissier, Angelo Odore, Léa Renucci.

Pour assister au colloque en visioconférence, merci de vous inscrire au préalable en écrivant directement aux organisateurs : distances2020@gmail.com

La dimension spatiale s’est retrouvée au cœur des débats historiographiques contemporains en histoire moderne, notamment par les jeux d’échelles ou par la notion d’aires culturelles. Cette approche a conduit à l’élaboration de projets de recherche interdisciplinaires en sciences humaines et sociales, qui ont associé les méthodes de la recherche historique avec celles de la géographie, de l’anthropologie et des études littéraires, dans des approches à la fois quantitatives et qualitatives. Par la micro-histoire, l’approche spatiale a placé au cœur de sa méthodologie l’analyse multi-scalaire, qui peut parfois paraître trop conceptuelle et sembler imposer des représentations spatiales contemporaines à l’objet étudié.
Dans cette perspective, la notion de distance se voit être un complément essentiel sur le plan méthodologique et théorique puisqu’elle permet d’interroger la réalité vécue des échelles. Que ce soit en termes de circulations, d’échanges ou encore de liens sociaux, les distances se pratiquent et s’éprouvent. Intervalles physiques ou symboliques, elles permettent donc d’aborder le rapport qu’entretiennent les hommes à leur espace. La représentation par les contemporains donne la possibilité d’associer histoire des émotions et histoire spatiale, en ouvrant la réflexion sur la dialectique du proche et du lointain, mais également histoire matérielle et histoire de l’éphémère par les questionnements sur les formes et les moyens de circulations et de parcours des distances.
Ce colloque a pour objectif d’associer les recherches en sciences humaines et sociales, en littérature et en histoire de l’art sur la période moderne, sans délimitation géographique, dans une optique interdisciplinaire. Trois axes de réflexions sont envisagés, sans pour autant être exhaustifs : Les dimensions matérielles de la distance. La distance est à l’origine de la production d’éléments matériels qui permettent de la contourner ou de la parcourir (lettres, bateaux, chemins…). Ces éléments sont des sources essentielles pour l’historien qui peut ainsi rendre compte des réalités techniques des circulations à l’époque moderne. Cet axe inclut également des réflexions sur l’aspect matériel des voyages, notamment à travers les descriptions du déplacement et du rapport à l’espace lors de parcours.
Perceptions et écritures de la distance. La distance, sociale, affective ou physique est éprouvée par les contemporains. En premier lieu, la problématique porte sur la représentation du proche et du lointain, au sens géographique, à travers les récits de voyage, les rapports officiels et les œuvres d’art par exemple. La question de la distance est ici envisagée sur le plan des émotions et de l’affectif : distances dans le cadre familial ou social, sur le plan stratégique, ou dans un contexte politique ou économique. Dans cette perspective, la distance peut également être envisagée sur le plan symbolique, pensée dans un rapport de sociabilité, de mise à l’écart sociale. L’écrit donne accès à la fois aux aspects matériels de la distance et à la perception sensible, par sa mise en récit. Les questionnements pourront porter sur l’écriture et la représentation de la distance, notamment dans les récits de voyages et les correspondances.
Les temps de la distance. La distance s’inscrit dans une temporalité spécifique à l’époque moderne. Les rythmes des circulations et des échanges ainsi que les difficultés engendrées peuvent faire l’objet d’études, tout comme le rapport à la vitesse, ou au contraire à la lenteur, dans les déplacements. Cet axe sera l’opportunité d’ouvrir une réflexion méthodologique sur les moyens pour les historiens de calculer et représenter la distance, grâce aux nouveaux outils numériques.

 

Programme

Jeudi 5 novembre 2020


 

9h00-9h15
Ouverture du colloque par Boris Petric, directeur du Centre Norbert Elias (CNRS)
9h15-9h45
Conférence inaugurale Jean Boutier, directeur d’études (EHESS/Centre Norbert Elias)

 

Session 1 : (Géo)politiques et stratégies de la distance


 

Président : Jean Boutier
Modérateur : Daniele Argenio 

9h50-10h10 (en visioconférence)
Overcoming Distances, Limiting Differences: Spanish Diplomatic Practices in the Late 16th Century Maghreb
Francesco Caprioli (Universidad Autonoma de Madrid-Università degli Studi di Milano)

10h10-10h30 (en visioconférence)
Conjurer la distance. La lettre, remède au sentiment d’exil en diplomatie au XVIe siècle
Damien Fontvieille (Sorbonne Université/Centre Roland Mousnier)

10h30-10h50
Alliance à Distance : La Perse et l’Europe entre les XVIe et XVIIe siècles
Davide Trentacoste (Université de Teramo-Sorbonne)

***

11h20-11h40
Soigner à distance dans le Royaume de Naples, XVIe-XVIIe siècles
Marine Goburdhun (Université de Budapest)

11h40-12h00
Négocier les distances : la correspondance de Gian Vincenzo Pinelli et de Claude Dupuy à la fin du XVIe siècle
Oury Goldman (EHESS/Le Mans Université)

 

Session 2 : Récits, vécus et perceptions de la distance


 

Présidente : Francesca Sirna
Modératrice : Florie Imbert-Pellissier

14h00-14h20
La réception des voyageuses britanniques à la cour de Savoie au XVIIIe siècle : une gestion habile de l’étiquette, entre distance et proximité
Isabelle-Eve Davier-Carlotti (Université Paris-Diderot)

14h20-14h40
De l’Inde du sud à l’Italie : les mémoires de voyage de Niccolò de’ Conti (1395-1469) et les lettres de Pietro Della Valle (1586-1652)
Tiziana Leucci (Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud)

14h40-15h00
Voyager entre l’Iran safavide et la France : pérégrinations d’une extrémité à l’autre du monde méditerranéen au XVIIe siècle
Werner Gaboreau (Université Sorbonne Nouvelle–Paris III/EPHE)

15h00-15h20
Entre Paris et Ispahan : expérience et imaginaire de l’espace au XVIIe siècle
Rachel Lauthelier-Mourier (EPHE)

***

15h50-16h10 (en visioconférence)
La “distanza morale” delle donne: schede di lettura delle trasformazioni sociali nel mondo anglosassone tra il XVII e il XVIII secolo
Mattia Iorillo (Università La Sapienza)

16h10-16h30 (en visioconférence)
Distanza e “gusto” tra XVII e XVIII secolo
Chiara Pelliccia (Ecole Française de Rome/Programme PerformArt)

 

Session 3 : Distance et SIG


 

Présidents de séance : Davide Gherdevich et Eric Mermet 
Modérateur : Angelo Odore

17h00-17h20
GIStanze. Cartografare il tempo nello spazio. Il caso studio della citta dell’Aquila (Italia)
Paola Tagliente (Université de Teramo)

17h20-17h40 (en visioconférence)
GlobalSeaRoutes. A historical geodatabase and the temporal dimension of global navigations in the modern age (16th-19th centuries)
Giulia Iannuzzi (Université de Florence-Université de Trieste)

17h40-18h00
Temps, étapes et distances comme variables d’un itinéraire royal au XVIe siècle : l’exemple d’Henri IV
Mélanie le Couédic (Université de Pau)

18h00-18h20 (en visioconférence)
La Rivoluzione dello spazio Le rappresentazioni della Francia al tempo della creazione dei Dipartimenti
Daniele di Bartolomeo (Université de Teramo)

 

Vendredi 6 novembre 2020


 

Session 4 : Distances des arts et des symboles


 

Président : Gaspard Salatko
Modératrice : Léa Renucci

9h00-9h20
Gouverner à distance, harmoniser le quotidien. Les correspondances musicales en Italie au début du XVIIe siècle
Jorge Morales (CESR de Tours)

9h20-9h40
Perceptions des distances sociales entre pauvres et nantis dans le roman des Lumières
Marianne Albertan-Coppola (Université de Nanterre)

9h40-10h00
L’œil du spectateur au temps de Louis XIV. Une expérience sensible, intelligible et structurale de la distance
Anthony Saudrais (Université de Rennes)

 

Session 5 : Expérience et conditions matérielles de la distance


 

Président de séance : Jean Boutier
Modératrice : Léa Renucci

10h45-11h05
Le prix de la distance au XVIIIe siècle
Anne Conchon (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne/IDHES)

11h05-11h25
Gouverner la distance : les maîtres des postes de Luigi d’Este
Jean Senié (Sorbonne Université/Centre Roland Mousnier)

11h25-11h45
Le temps du voyage. Perceptions et réalités de la traversée transatlantique. Le cas du voyage vers les Antilles au XVIIe siècle
Eric Roulet (Université du Littoral-Côte d’Opale)

 

Session 6 : Représentations de la distance


 

Présidents de séance : Davide Gherdevich et Eric Mermet
Modérateur : Angelo Odore

14h00-14h20
Représenter les distances aux XVIIe-XVIIIe siècles : les Tables géographiques de villes
Geoffrey Phelippot (EHESS/Centre Alexandre Koyré)

14h20-14h40
Écrire la distance dans la littérature des voyages du XVIIe siècle
Sylvie Requemora (Aix-Marseille Université)

14h40-15h00
Proche(s) et lointain(s) dans les compilations géographiques du début de l’âge moderne : distances abolies ou redéfinies ?
Fiona Lejosne (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

15h00-15h20
Combler ou creuser la distance ? Le Journal du voyage à l’équateur de La Condamine (1751)
Matthias Soubise (ENS Lyon/IHRIM)

15h20-16h00
Discussion et clôture du colloque

Illlustration : Shah cAbbas I, Giacomo Franco, 1596 (CC0 1.0) – Metropolitan Museum New York