Ecos. Observation sensible des paysages pollués (2022-2024)

ECOS est un projet de recherche qui étudie des situations d’interactions entre l’humain et les autres mondes vivants au sein d’un environnement pollué et affecté par le changement climatique, dans trois zones péri-urbaines : Marseille (France), Syracuse (Etats-Unis), Constanza (Roumanie).

La recherche explore les différences de perception de populations affectées par ces contextes de perturbation environnementale visible ou invisible. Le proet adopte les technologies audiovisuelles comme stratégie méthodologique immersive et sensible pour mieux rendre perceptible, mieux entendre et ressentir ces phénomènes échappant à la perception humaine ordinaire. Le projet repose sur un partenariat public/privé entre le Centre Norbert Elias et la société de production audiovisuelle Cinéphage.

Equipe scientifique et de production :
Boris Pétric, anthropologue (CNE/CNRS)
Jeff D. Silva, anthropologue et réalisateur (CNRS/EHESS/Cinéphage)

Programme de financement : 
Plan de relance – mesure de préservation de l’emploi de R&D
Durée : 24 mois (2022-2024).
Mots clés : Anthropocène, Pollution, Paysages, Environnement, Ecosystèmes, Perception, Audiovisuel, Approche sensible

 

Contexte de l’étude

De nombreux chercheurs de diverses disciplines s’intéressent aux interactions sociétés humaines-environnements et analysent les phénomènes de pollution de manière dissociée (sol, eau, animaux, végétaux, humains), tout en s’appuyant essentiellement sur des approches quantitatives. Le projet ECOS cherche à développer des outils d’enquête qualitatifs de mesure des phénomènes de pollution, à associer les différents mondes vivants dans l’analyse, et mobiliser des outils audiovisuels pour être attentif aux dimensions sensibles dans l’observation et l’analyse des phénomènes étudiés.

 

Trois enquêtes ethnographiques avec une approche qualitative et sensible de la mesure des nuisances anthropiques

Les trois enquêtes ethnographiques, menées par Jeff Silva, se déroulent dans les deltas du Rhône, du Danube et Seneca River, trois écosystèmes particulièrement impactés par le réchauffement climatique et marqués par l’industrialisation, l’urbanisation et des problématiques de pollution de l’air, de l’eau et des sols. L’objet de l’enquête s’attachera avant tout aux différents acteurs (scientifiques, collectifs d’habitants, ONG) recensant et analysant les formes de pollution liées aux activités humaines ainsi que leurs initiatives de réhabilitation, de restauration ou de réparation de zones naturelles terrestres ou maritimes polluées.

Les trois lieux choisis permettent d’analyser de manière comparative les stratégies de réparation mises en place, mais également les représentations, les conceptions culturelles et sociales des problèmes de pollution et de changement climatique scientifiquement reconnus. Plutôt que de séparer ou d’isoler une pollution industrielle particulière du sol de l’air ou de l’eau, cette étude reconnaît leurs corrélations entrelacées et cherche à se concentrer sur leurs impacts sociaux collectifs. Il s’agit aussi par le biais comparatiste de développer de nouvelles connaissances sur les facteurs culturels, sociaux et historiques de l’évolution des perceptions et la diversité des conceptions de la pollution.

Cette étude s’appuie sur la volonté de développer une nouvelle approche plus qualitative dans la mesure des nuisances humaines et des effets du changement climatique. Pour ce faire, elle s’efforcera de rendre visible et audible des phénomènes invisibles ou inaudibles ayant des conséquences importantes sur le bien-être social et environnemental. L’enquête initiera une collecte de données qualitatives grâce à un dispositif de captation sensoriel afin de les transformer dans un protocole narratif audiovisuel. Enfin, le projet posera les jalons de la production d’un film de recherche dont l’intégrité scientifique sera conservée.

 

Un projet de collaboration de recherche

La collaboration de recherche et développement consiste à associer les savoirs d’un laboratoire de recherche en SHS et une société de production audiovisuelle pour mieux analyser, observer, et valoriser des expérimentations sociales concernant les rapports de l’humain aux autres mondes vivants. Alors que le chercheur revêt habituellement le rôle d’expert scientifique au sein des films documentaires ou de vulgarisation scientifique,  cette collaboration originale place le chercheur au centre du processus d’écriture filmique et l’écriture sensorielle aux prémices de l’enquête de recherche.

Le projet développe une collaboration initiée en 2019 entre les équipes du Centre Norbert Elias (la Fabrique des écritures) et de Cinéphage sur des écritures expérimentales audiovisuelles. Les deux partenaires confirment, avec ce nouveau projet, leur volonté commune de partager, croiser et développer leur connaissance sur l’anthropocène, la fabrication du savoir et l’écriture sensorielle.

 

Partenaires du projet

Le Centre Norbert Elias (UMR 8562) est un laboratoire en sciences humaines et sociales (CNRS, EHESS, Université d’Avignon, AMU). Il développe depuis 2015 le projet « la Fabrique des écritures » qui vise à fabriquer des écritures sensorielles utilisant tout le potentiel du son et de l’image pour mieux observer et décrire des phénomènes sociaux.

Cinéphage est une société de production créée en 2007 par Victor Ede et Jean-Robert Viallet, et installée depuis 2009 à Marseille. Conçue initialement comme un atelier de production, elle  produit depuis 2014 ses propres projets. Elle a une expertise reconnue sur la fabrication de films documentaires de société notamment autour de  l’anthropocène.