Kossi Mitronougna Koumi (Centre Norbert Elias/EHESS) présente sa thèse de doctorat en anthropologie préparée sous la direction de Giorgio Blundo (Centre Norbert Elias/CNRS) et Atiyihwe Awesso (Université de Lomé) mardi 18 mai à 10h30.
Celles et ceux souhaitant assister à la visioconférence devront se rapprocher du candidat.
Titre
Accoucher à l’hôpital à Lomé. Une socio-anthropologie comparée des maternités publiques, privées et confessionnelles au Togo.
Résumé
Trois formations sanitaires appartenant respectivement aux secteurs public, privé et confessionnel de santé sont au cœur de cette recherche. Comment fonctionnent-elles ? Comment délivrent-elles les services de santé ? Ce sont quelques questions qui ont sous-tendu notre réflexion. En prenant comme objet la santé maternelle et en adoptant une démarche comparative systématique, nous avons exploré le quotidien de trois formations sanitaires (Biasa, Bè et Sainte Anne) dans une capitale africaine, Lomé (Togo). Bâti sur une méthodologie qualitative de type ethnographique, ce travail, au-delà de mettre en exergue les variations et constantes dans le fonctionnement et la délivrance quotidienne des soins maternels dans les trois structures, examine les relations entre ces formations sanitaires et l’État à travers les questions de la formation des ressources humaines et celle des réformes en santé maternelle. Il s’interroge également sur la prégnance de la politique dans les trois établissements de santé, entre autres. La recherche en vient au résultat selon lequel le fonctionnement et la délivrance des services dans les trois centres de soins sont divergents du point de vue des aspects structuraux (organisation administrative, ressources humaines et matérielles…), mais ont un fort air de familiarité dans les aspects concrets des soins (presque les mêmes écarts aux protocoles officiels, les mêmes rapports soignants-soignés, les mêmes « vécus » des soignants et des soignés…). Ce résultat plutôt inattendu tant d’un point de vue etic qu’emic, nous conduit à questionner les hypothétiques causalités pouvant mettre en forme cette réalité. Sans tomber dans un certain déterminisme, il nous est apparu que la similitude observée dans le fonctionnement pratique des trois structures de soins, en dépit de leurs divergences structurelles, peut s’expliquer par les effets conjoints de la culture professionnelle locale des soignants et la culture des soignés à l’œuvre à Lomé. Les conclusions au sujet des similitudes et divergences de Biasa, Bè et Sainte Anne nous ont incités à discuter certaines « idées reçues » au sujet de la nature des soins, le plus souvent associée aux différents secteurs d’appartenances des établissements de santé étudiés. Ils nous ont également permis de réexaminer les rapports entre les éléments structuraux des services de santé et la nature des soins qui sont délivrés. Puis, d’admettre et de défendre que le fonctionnement des services de santé est beaucoup plus fonction des aspects humains (culture des soignants et soignés…) que structuraux (ressources humaines, matérielles financières…).
Title
Give birth in the hospital in Lomé. A comparative socio-anthropology of public, private and denominational maternities in Togo
Abstract
Three health facilities from the public, private and church health sectors are at the heart of this research. How do they operate? How do they deliver health services? Those are some of the questions that we have examined. Taking maternal health as our subject and adopting a systematic comparative approach, we explored the daily life of the three health facilities (Biasa, Bè and Sainte Anne) in an African capital, Lomé (Togo). Based on an ethnographic approach, this work, beyond highlighting the variations and constants in the daily functioning and delivery of maternal care in the three services. Through human resources training and maternal health reforms, he also examines the relations between health facilities and the State and addresses the issue of the pervasiveness of politics in the three health facilities, among others. The research comes to the conclusion that the operation and delivery of services in the three health centres were divergent in terms of structural aspects (administrative organisation, human and material resources, etc.), but have a strong air of familiarity in the concrete aspects of care (almost the same deviations from official protocols, the same carer-treated relationships, the same « experiences » of carers and cared-for, etc.). This result, which is beyond all suspicion from both an etic and emic point of view, leads us to question the hypothetical causalities that could shape this reality. Without falling into a certain determinism, it appeared to us that the similarity observed in the practical functioning of the three care structures despite their structural differences can be explained by the joint effects of the local professional culture of the carers and the culture of the cared-for at work in Lomé. The conclusions about the similarities and differences between Biasa, Bè and Sainte Anne have prompted us to discuss some « preconceived ideas » about the nature of care most often associated with the different sectors of membership of the health care institutions studied. They also allowed us to re-examine the relationship between the structural elements of health services and the nature of the care provided. Then, to admit and defend that the functioning of health services is much more a function of the human aspects (culture of the carers and cared for, etc.) than of the structural aspects (human resources, material and financial resources, etc.).
Jury
Giorgio Blundo (directeur de thèse), Centre Norbert Elias/EHESS
Kouméalo Anaté, Université de Lomé (Togo)
Atiyihwè Awesso, (co-directeur de thèse), Université de Lomé (Togo)
Fatoumata Hane, Université de Ziguinchor (Sénégal)
Yannick Jaffré, CNRS
Jean-Pierre Olivier de Sardan, EHESS
Josiane Tantchou, CNRS
Ecole doctorale
EHESS – Formation doctorale « Sciences sociales – Marseille » (École doctorale 286)
Spécialité : anthropologie sociale et ethnologie.