Des images, des mots, des actes. Le chercheur qu’il soit historien, ethnologue ou naturaliste, capture des fragments de réel qu’il cadre, trie, organise en fonction d’idées et d’hypothèses. Il suit, cahin-caha, un ordre, une logique qui génère des formes de récits adaptées au régime scientifique et à ses lecteurs mais pas forcément aux récits dont le public a généralement l’usage. De fait, la restitution – même juste, même intense – des relations des hommes aux non-humains ou à leurs semblables ou est une source infinie de malentendus tant dans le domaine scientifique que journalistique ou public. Une telle complication nécessite de prendre le temps de l’analyse afin de réinvestir les modes d’acquisition des données et de narrations ; de penser également de nouvelles formes en phase avec les impératifs de scientificité et les contraintes de réception des personnes et objets impliqués.

Cette année encore, pour la 8e saison, en collaboration avec le MUCEM, nous interrogeons différentes formes de narration scientifique en nous focalisant sur l’usage des images dans l’analyse des interactions sociales et dans l’exploration des objets et des techniques.

Coordination scientifique : Frédéric Joulian (CNE/EHESS)
Renseignements : frederic.joulian@ehess.fr ; soraya.zahaf.ext@mucem.org ; anne.faure@mucem.org ; marie.coutant@ehess.fr
8 juin 2022 – MUCEM – Salon (Terrasse du J4) – Marseille, 14h30-19h00.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.

 

 

Dessiner les savoir-faire

A l’occasion de la parution de l’ouvrage Waza, l’art ineffable de l’apprentissage qui illustre de façon exemplaire ce programme d’écritures alternatives nous reviendrons sur cette aventure éditoriale originale, en temps de COVID, entre Kyoto et Marseille, et les différentes pépites qui en sont issues.

Profitant de la venue de Daniel Niles, géographe américain travaillant à l’Institut pour l’Humanité et la Nature de Kyoto nous irons plus en détail sur certaines thématiques, notamment sur les rapports entre histoire longue, esthétique et milieu dans les artisanats céramiques et vanniers au Japon, mais également avec Damien Kunik, spécialiste de l’histoire de la culture matérielle, conservateur au Musée d’Ethnographie de Genève, sur une mise en perspective culturelle et historique de l’ouvrage « Waza ». Notre collègue reviendra sur l’histoire riche et tout compte fait peu connue des rapports entre la France et le Japon du point de vue des gestes, des savoir-faire et de leur étude, depuis le mouvement MINGEI et depuis le séjour japonais d’André Leroi-Gourhan à la fin des années 1930.

Pour la partie narration graphique, je synthétiserai les sept années de rencontres « Une autre façon de raconter » entre dessinateurs, chercheurs, montrant la richesse des croisements de savoir et savoir-faire des auteurs de BD, de Manga, des éditeurs, des chercheurs et acteurs-sujets… et Aurelia Aurita, autrice de Bandes dessinées, reviendra sur son parcours original qui va « du biographique à l’ethnographique », et sur les potentialités de la BD en anthropologie, ce que nous désignons ici « d’Anthropo-graphique ».

Ces quatre présentations seront encadrées d’une introduction par Aude Fanlo et de débats avec l’auditoire.

14h45 – 15h00
Introduction
Aude Fanlo (Mucem)

15h00 – 15h45
Le projet « anthropographique » en livre et en exposition
Frédéric Joulian, anthropologue (CNE/EHESS)

15h45 – 16h30
De la biographie à l’ethnographie et inversement
Aurelia Aurita, illustratrice

16:h30 – 16h45 – Pause Goûter

16h45 – 17h30
Esthétique, écologie et culture matérielle
Daniel Niles (Research Institute for Humanity and Nature)

17h30 – 18h15
Kon Wajiro, Leroi-Gourhan, le Waza et la place graphique dans l’intelligence des techniques
Damien Kunik (Musée d’ethnographie de Genève)

18h15 – 19h00
Débat général avec la salle

 

Illustration : At Work with Aurelia Aurita© F. Joulian (Marseille, 2019)