GISCOP 84

Groupement d’intérêt Scientifique sur les Cancers d’Origine Professionnelle dans le Vaucluse (GISCOP 84)
Enquête sur les expositions professionnelles et environnementales aux cancérogènes : une recherche-action prenant appui sur les patients atteints de cancer hématologique du Centre hospitalier d’Avignon.

Equipe
L’équipe du GISCOP 84 a rejoint le Centre Norbert Elias en septembre 2022 :
Moritz Hunsmann, co-direction (CNRS)
Judith Wolf, co-direction
Aurore Aubail, gestion et coordination
Cécile Durand, enquête et suivi
Solenne Larrere, enquête
Coline Loison, enquête
Etienne Amiet, enquête
Julie Bart, assistance sociale
Yves-Gabriel Kerisit, statistique

Financement
Agence Régionale de Santé Provence-Alpes-Côte d’Azur
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Direction Régionale de l’Economie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités Provence-Alpes-Côte d’Azur
Office Français de la Biodiversité
La Ligue contre le Cancer

 

Description du projet

Contexte scientifique

Les hémopathies malignes sont parmi les cancers dont l’incidence a le plus augmenté au cours des 30 dernières années ; avec environ 35 000 nouveaux cas par an, elles représentent désormais 10 % des nouveaux cas de cancers en France. Ce projet part d’une alerte sanitaire lancée par les médecins du service d’Oncologie-Hématologie du Centre hospitalier d’Avignon (CHA). Depuis une dizaine d’années, ceux-ci notent une augmentation de l’incidence des cancers hématologiques, ainsi qu’un rajeunissement des patients au diagnostic. Alors que ces pathologies sont connues pour leurs liens avec des expositions toxiques (pesticides, rayonnements ionisants, solvants chlorés, etc.), les expositions professionnelles subies par les patients de cancers hématologiques restent peu étudiées et les personnes atteintes sont encore rarement reconnues en maladie professionnelle. Cette invisibilité des activités productives impliquant l’exposition professionnelle contribue aussi à occulter leurs conséquences environnementales.
Objectifs et hypothèses de recherche
Portée par une équipe pluridisciplinaire composée de l’équipe du service d’Oncologie Hématologie du CHA, de médecins du travail et généralistes du Vaucluse, ainsi que de chercheurs en sciences sociales, ce projet poursuit quatre objectifs :

  • connaître les activités de travail exposant à des cancérogènes, ainsi que les expositions subies dans l’environnement résidentiel des patients ;
  • faciliter l’accès au droit à la reconnaissance et à la réparation des cancers professionnels pour les personnes éligibles ;
  • contribuer à la prévention des expositions pour réduire les risques cancérogènes au travail ;
  • éclairer les logiques institutionnelles et sociales d’invisibilisation des risques liés au travail, ainsi que les obstacles à la mise en œuvre des dispositifs réglementaires concernant la prévention des cancers professionnels.

 

Méthodologie

Cette enquête s’appuie sur le recensement systématique des cas de lymphomes non Hodgkiniens, myélomes et leucémies aiguës diagnostiqués dans sept établissements de soin du Vaucluse, desservant un bassin de population trans-départements d’environ 600 000 habitants. À partir des cas incidents (≈ 250-300/an), et en adaptant la méthodologie éprouvée par le Groupement d’Intérêt Scientifique sur les Cancers d’Origine Professionnelle en Seine Saint-Denis (GISCOP 93) aux spécificités du tissu productif local, des entretiens biographiques avec les patients permettent la reconstitution de leurs parcours professionnels (au plus près des activités réelles de travail) et de l’histoire résidentielle et familiale (résidentiels et familiaux). L’analyse des parcours professionnels par un collectif pluridisciplinaire d’experts des conditions et procédés de travail (médecins du travail, sociologues, ergo-toxicologues, inspecteurs du travail, ingénieurs de prévention, patients experts, etc.) permet d’identifier et de caractériser les possibles expositions à des cancérogènes reconnus (CIRC, directives européennes) et d’accompagner les patients éligibles vers la reconnaissance en maladie professionnelle.

 

Résultats espérés : Connaissance – Reconnaissance – Prévention

La production de connaissances sur les expositions aux cancérogènes permet d’identifier les populations les plus exposées et d’éclairer les facteurs institutionnels et sociaux qui conduisent à rendre visibles – ou à laisser dans l’ombre – les risques sanitaires liés au travail. L’accompagnement des patients éligibles à la reconnaissance en maladie professionnelle contribuera à améliorer l’accès au droit et rendra possible l’étude des obstacles et des inégalités d’accès à ce droit. Une meilleure connaissance des situations de travail exposant aux cancérogènes pourra contribuer à prévenir des cancers en évitant ces expositions, notamment en sécurisant des postes de travail. Enfin, l’étude sociologique des obstacles à la mise en œuvre des dispositifs réglementaires concernant la prévention des cancers professionnels permettra de fournir aux pouvoirs publics des résultats de recherche utiles pour faire évoluer la réglementation de prévention primaire et le contrôle de son application sur les lieux de travail.

 

En savoir plus

  • La publication des premières données du GISCOP 84 dans la revue Anthropologie & Santé en 2021 (en accès libre) :
    Moritz Hunsmann, Annie Thébaud-Mony et l’équipe du GISCOP 84, « Rendre les cancers évitables. Recherches sur le travail cancérogène et ses conséquences », Anthropologie & Santé, n°22, 2021. URL : https://journals.openedition.org/anthropologiesante/9645
  • Le carnet de recherche du GISCOP 84 (en préparation)