Lucille Florenza soutiendra sa thèse de doctorat en anthropologie (EHESS), préparée au Centre Norbert Elias sous la direction de Dorothée Dussy (CNE/CNRS) et de Céline Lesourd (CNE/CNRS) et financée par la Région Sud, le 5 septembre 2024 à 14h00 à la Vieille Charité (Campus EHESS Marseille, 2e étage, salle A).
Si vous souhaitez assister à la soutenance en présentiel, merci de vous rapprocher de Lucille (lucille.florenza@etu-iepg.fr).

Titre
“Aller aux olives”. Une anthropologie du genre et du travail en Andalousie

Résumé
De la plantation des oliviers à leur récolte, depuis les moulins jusqu’au design des bouteilles d’huile d’olive, mon enquête propose une relecture de la filière oléicole à l’aune de la division sexuée du travail. Cette culture emblématique de la Méditerranée offre un cadre pertinent pour questionner plus largement les rapports sociaux de sexe à l’œuvre dans le fonctionnement de l’agriculture, au sein des familles rurales, et dans l’économie de la province de Jaén.
À partir de matériaux ethnographiques collectés lors d’un terrain en Andalousie entre 2021 et 2023, ma thèse invite à retracer la genèse de la « mer d’oliviers » pour comprendre comment les femmes ont été privées de l’accès aux terres, écartées des imaginaires liés à la production de ce paysage, et reléguées aux marges, à l’image de la position subalterne qu’occupe l’Andalousie dans la construction de l’Espagne moderne.
J’analyse par la suite le fonctionnement patriarcal de l’agriculture familiale, au sein duquel s’opère un premier apprentissage des hiérarchies par les membres de la famille, et ce d’autant plus dans le contexte des petites exploitations de Jaén. Je resserre ensuite l’analyse sur la saison de récolte des olives pour donner à voir comment les hommes et les femmes « vont aux olives ». Je montre que, d’une part, la division sexuée opère un partage inégalitaire des rôles et des outils qui est défavorable aux femmes, et que, d’autre part, la récente modernisation de la récolte vient paradoxalement creuser ces inégalités et évincer les femmes de cette étape clé du secteur et des ressources qu’elle génère.
Enfin, parce que la filière oléicole ne se réduit plus aux seules oliveraies et huileries coopératives, mon enquête explore les nouvelles branches du secteur pour comprendre pourquoi et dans quelles conditions les femmes investissent particulièrement les moulins privés, la chimie, la dégustation ou le tourisme, des nouveaux mondes oléicoles à partir desquels je questionne une féminisation de la filière.
Ainsi, cette thèse donne à comprendre comment les femmes, à l’ombre des oliviers, participent activement à la vie économique et sociale de la province depuis diverses places au sein d’un continuum allant des activités de subsistance aux professions qualifiées, en passant par le travail domestique et les emplois de journalières agricoles.

Mots-clés
Andalousie ; Espagne ; Méditerranée ; division sexuée du travail ; genre ; métiers ; agriculture ; filière ; plantations ; oliviers ; huile d’olive.

Title
« Going to the olives ». An anthropology of gender and labor in Andalusia

Abstract
From the planting of olive trees to their harvest, from milling to the design of bottles, my research seeks to shed light on the olive oil supply chain, through the lens of the gendered division of labor. This emblematic Mediterranean crop provides a relevant framework for a broader examination of the gender relations at work in agriculture, within rural families, and in the economy of the province of Jaén.
Based on ethnographic materials collected during fieldwork in Andalusia between 2021 and 2023, my thesis invites us to retrace the genesis of the « sea of olive trees » to understand how women were denied access to the land, excluded from the iMáginaries linked to the production of this landscape, and relegated to the margins, reflecting in many ways the subaltern position occupied by Andalusia itself in the construction of modern Spain.
I subsequently analyze the patriarchal functioning of family agriculture, within which family members first learn about hierarchies, and even more so in the context of Jaén’s numerous small family farms. I then focus my analysis on the olive harvest season to show how, on the one hand, the gendered division of roles and tools works to the disadvantage of women and how, on the other, the recent modernization of harvesting techniques paradoxically deepens these inequalities and squeezes women out of this key stage of the supply chain and the resources it generates.
Finally, because the olive supply chain is no longer comprised of solely olive groves and cooperative oil mills, my research explores new branches of the sector with the ambition of understanding the motivations and conditions under which women are investing in, specifically, private mills, food chemistry, oil tastings, or tourism. In other words, new olive-growing worlds from which I examine a broader feminization of the supply chain.
This dissertation shows how, from under the symbolic canopy of olive trees, women actively participated in the province’s economic and social life from various positions on a continuum ranging from subsistence activities to so-called skilled professions, from domestic housework to agricultural day labor.

Keywords
Andalusia ; Spain ; Mediterranean ; gendered division of labor ; gender ; occupations ; agriculture ; industry ; plantations ; olive trees ; olive oil.

Jury
Dorothée Dussy, Directrice de recherche en anthropologie, CNRS, Centre Norbert Elias (directrice)
Céline Lesourd, Chargée de recherche en anthropologie, CNRS, Centre Norbert Elias (co-directrice)
Stéphane Angles, Professeur de géographie, Université de Lorraine, LOTERR
Christelle Avril, Maîtresse de conférences en sociologie, EHESS, Centre Maurice Halbwachs (rapportrice)
Agnès Jeanjean, Professeure d’anthropologie, Université Côte d’Azur, LAPCOS
Béatrice Mésini, Chargée de recherche en géographie, CNRS-TELEMMe-AMU
Pascale Moity-Maïzi, Professeure de socio-anthropologie, Institut Agro Montpellier – UMR SENS (rapportrice)

École doctorale
286 – EHESS

Financement
Allocation doctorale de la Région Sud