Lancé à l’initiative des chercheurs et des chercheuses de l’université d’Avignon, le groupe « Histoire et modèles » propose des ateliers qui associent une présentation de travaux en cours, donnant une large place aux modalités précises de leur élaboration, à des débats d’idées qui traversent actuellement l’histoire et les sciences sociales. La perspective retenue sous l’intitulé « histoire et modèles » doit se comprendre d’abord au sens classique que recouvre l’usage des modélisations dans les pratiques historiennes. Elle interroge ensuite plus largement l’ensemble des opérations de rationalité (méthodologiques, techniques, narratives, documentaires ou éditoriales) qui organisent le protocole du travail historien et les formes de connaissance qu’il induit. Une attention particulière est accordée dans les ateliers aux questions d’archives, non seulement en raison de leur place dans les soubassements identitaires de l’enquête historique, mais aussi pour se confronter aux interprétations alternatives du mot qui se sont multipliées dans la culture contemporaine sur des fondements variables (philosophiques, patrimoniaux, militants, éthiques, etc. ).

Les ateliers fonctionnent par invitation et se déroulent à l’université d’Avignon. Le calendrier ainsi que les modalités d’accès à chaque séance sont définis par les membres permanents du groupe de travail : Bruno Bertherat (CNE/Université d’Avignon), Louise Couëffé (Temos/Université d’Angers), Boris Deschanel (CNE/Université d’Avignon), Stéphane Durand (CNE/Université d’Avignon), Benjamin Landais (CNE/Université d’Avignon), Olivier Rouchon, Chantal Wionet (CNE/Université d’Avignon).

Coordination : Olivier Rouchon (CNE/Université d’Avignon) – olivier.rouchon@univ-avignon.fr

 

Programme

Vendredi 2 février à l’université d’Avignon, à partir de 14h15
Modèle consulaire et diplomatie commerciale en Méditerranée, XVIe-XVIIIe siècle
Une séance animée par Mathieu Grenet, maître de conférences en histoire moderne (INU Champollion) dont les recherches portent sur l’histoire des migrations et des mobilités en Méditerranée, ainsi que sur les pratiques interculturelles à l’époque moderne. Parmi ses travaux et les ouvrages qu’il a dirigés, citons La fabrique communautaire : les Grecs à Venise, Livourne et Marseille : 1770-1840, École Française de Rome-École française d’Athènes, 2016 ; avec A. Bartolomei, G. Calafat, J. Ulbert (dir.) De l’utilité commerciale des consuls, L’institution consulaire et les marchands dans le monde méditerranéen (XVIIe-XXIe siècle), École Française de Rome et Casa de Velázquez, 2018 ; La maison consulaire : espaces, fonctions et usagers, XVI-XXIe siècle, Presses universitaires de Provence, 2021 ; (avec Guillaume Calafat) Méditerranées. Une histoire des mobilités humaines (1492-1750), Éditions Point, 2023.

Vendredi 22 mars à l’université d’Avignon (salle 1E09), à partir de 14h15
Prouver sa noblesse dans la seconde modernité : entre pratiques para-étatiques « connectées » et administration de la fidélité des élites (monarchies française, autrichienne et Saint-Empire, 1650-1800)
La séance sera animée par Eric Hassler, maître de conférences en histoire moderne à l’université de Strasbourg. Ses recherches portent sur l’histoire des cours princières et des élites nobiliaires en Europe dans la seconde modernité, et en particulier dans l’espace germanique. Il travaille actuellement sur les mécanismes de probation de la noblesse dans les monarchies européennes (vers 1650- vers 1800). Parmi ses travaux et les ouvrages qu’il a dirigés, retenons La cour de Vienne, 1680-1740. Service de l’empereur et stratégies spatiales des élites nobiliaires, Presses Universitaires de Strasbourg, 2013 ; avec Anne Motta (dir.), Noblesses et villes de cour en Europe (XVIIe-XVIIIe siècles) : la ville de résidence princière observatoire des identités nobiliaires à l’époque moderne, Presses Universitaires de Rennes, 2022.

Vendredi 5 avril à l’université d’Avignon (salle 1W09), à partir de 14h30
Herbiers et classifications botaniques au XIXe siècle dans l’Ouest de la France
ATER à l’université d’Avignon, Louise Couëffé a réalisé une thèse en histoire contemporaine à l’université d’Angers intitulée Plantes, terrains et cultures botaniques : herboriser dans l’Ouest de la France au XIXe siècle. Ses recherches s’intéressent en particulier aux diverses représentations, aux savoirs et aux pratiques dans lesquels s’inscrivent les gestes de collecte et de mise en collection des plantes. Les herbiers constitués au XIXe siècle sont des collections composites, qui révèlent les diverses motivations de leurs auteurs. Nombre d’entre eux comprennent des spécimens classés à l’aide de boîtes, de pochettes, d’étiquettes, témoignant de l’appropriation de classifications botaniques par leur auteur. La standardisation de ce matériel et la circulation de conseils via les guides de botanique et les flore contribuent à uniformiser l’aspect visuel des collections, ce qui interroge leur rôle dans la circulation de savoirs et de pratiques, de gestes et d’opérations cognitives présidant à leur organisation selon diverses classifications. En effet, l’inventaire des flores locales confronte les botanistes au foisonnement du monde végétal, favorisant la multiplication des débats autour de la délimitation des entités taxonomiques composant les classifications, en particulier sur les espèces et les catégories infraspécifiques. Les herbiers et les sources écrites qui les documentent permettent ainsi de comprendre les positionnements des botanistes à l’égard de ces controverses, de même que les questionnements, les pratiques et les différents espaces qu’ils mobilisent pour définir la place des plantes dans la classification qu’ils suivent. L’objectif de cette communication est d’explorer les dispositifs matériels, les gestes et les opérations cognitives par lesquels les botanistes tentent de saisir la diversité d’un monde végétal foisonnant à travers les « modèles » que sont les classifications, en tant que cadre théorique auquel est confrontée la réalité, matérialisée et questionnée par le biais des collections.

Image : extrait du Bulletin de la Société botanique des Deux-Sèvres de 1894 (Gallica)