Alors que richesse et pouvoir paraissent désormais s’afficher au grand jour et de façon décomplexée, la relation qui unit ce couple longtemps sulfureux continue d’être, dans nos démocraties contemporaines, ambivalente. Le capital économique ne peut en effet être un ressort des positions de pouvoir qu’à certaines conditions. Celles-ci se donnent d’autant mieux à voir que l’on opère un pas de côté : non pas en regardant, une fois de plus, la manière dont le pouvoir est converti et transfiguré, mais en prenant au sérieux la matérialité du capital économique. Mettre la focale sur les styles de vie et les pratiques de consommation des élites, aussi bien au travail que dans la sphère domestique, donne accès à la subtilité de certains usages élitaires du capital économique, à la façon dont il est mis en scène ou, au contraire, dissimulé pour servir l’exercice de positions de pouvoir, pour y parvenir comme pour s’y maintenir.

Charles Bosvieux-Onyekwelu, Camille Herlin-Giret, Ana Perrin-Heredia (dir.)
« Dominer par l’argent »
Politix. Revue des sciences sociales du politique, n° 140, 2022/4.
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