Dans ce numéro 72, la dynamique baroque des mondes décrits nous plonge au cœur de cette interrogation renouvelée autour de la panne. Non, la panne n’a pas disparu de nos sociétés, elle continue de s’y lover, faisant feu de tout bois, humains et non-humains éternellement intriqués.

La panne, attendue et redoutée, impensée et pourtant si prévisible, anticipée et prévenue autant que possible, source d’apprentissages inépuisable, irréductible et toujours si perturbatrice, reste-t-elle un incontournable de nos sociétés ? Malgré nos efforts pour contrôler, anticiper et prévenir, les pannes constituent encore des moments de rupture, de suspens, qui menacent différents ordres productifs, techniques, symboliques et sociaux, de plus en plus hybridés. À quels nouveaux frais, notre regard sur les pannes peut-il se régénérer et embrasser de manière plus ample que ce qu’un premier inventaire, intuitif, abondamment hérité des réflexions sur nos sociétés techniciennes, nous aurait spontanément conduit à considérer ?

Les pannes dont il est question dans ce numéro ouvrent de vastes horizons géographiques, historiques, sensoriels et pratiques. Elles questionnent notre vision étroite de ce que serait une panne dans nombre de situations hybrides actuelles, où des algues proliférantes côtoient de trop près des téléviseurs, où des haies à comptabiliser constituent une épreuve pour les nouveaux salariés du clic, et où la reprise en main, en mode manuel, s’éloigne, à mesure que l’hybridation entre l’homme et la machine devient manifeste.

En librairie depuis le 5 décembre, et en ligne (éditorial, résumés et suppléments) sur le site de la revue : https://journals.openedition.org/tc/12083