Quand chercheurs et artistes mènent une enquête ethnographique sur la fabrication traditionnelle et les usages du papier au Japon.

Washi, du Mûrier au Manga. L’Art du papier au Japon from La Fabrique des écritures on Vimeo.

 

L’exposition est issue de la rencontre entre l’anthropologue des techniques et de la nature Frédéric Joulian et de l’historien des métiers artisanaux Yuji Yonehara, et de la collaboration avec le dessinateur-cartooniste Itsu Horiguchi. Elle documente des lieux et des savoir-faire gestuels de la fabrication traditionnelle du papier au Japon, le washi, et quelques-uns de ses usages par les meilleurs artisans dans les régions de Kyoto et de Fukui. Elle croise aussi diverses méthodes d’enregistrement (mangas, photos, interviews, vidéos) afin de raconter autrement le travail scientifique. 

L’exposition présente une série de 22 planches de bandes-dessinées qui retracent le processus de fabrication et les usages du washi, avec une première séquence située dans les montagnes de la région de Kyoto, à Kurotani, où l’on décrit la fabrication du papier, et une seconde à Fukui et à Kyoto, pour la fabrication d’objets en papier. Ces planches, accompagnées de deux vidéos et de nombreuses photos réalisées par les chercheurs, permettent d’entrer intimement dans les gestes des acteurs. A la fin du parcours d’exposition sont présentés quelques impressions et objets « sur » et « en » papier (boites, étuis, carnets, enveloppes, fac-similé, calligraphie, rouleau imprimé, lanterne, …).

Pourquoi le papier ? Tout d’abord en raison de sa rareté et des savoir-faire particuliers qui lui sont associés. Ensuite car ces savoirs impliquent un système technique mobilisant une grande multiplicité d’acteurs et d’actants (des artisans, des arbres, de l’eau, des racines, des bambous, des divinités, des restaurateurs d’art, des pigments naturels, …) articulés dans différentes chaines opératoires permettant de passer de l’arbre à la matière et de la matière papier, aux objets du quotidien.

De par ses qualités exceptionnelles, le washi est utilisé par des artisans renommés (à Kyoto l’imprimeur Benrido, le fabricant de lanternes Kojima Shoten, etc) ou par des artistes exigeants sur la matérialité ou la durabilité du papier. Ce que nous retenons, c’est que ces papiers traditionnels surpassent leurs analogues contemporains sans pour autant impliquer de chimie polluante et de surcoût pour l’environnement.

De l’eau, de la pulpe de murier, de la colle naturelle de la racine du tororo-aoi, du bambou, du soleil… et l’art manuel des artisans, le waza, un mot japonais pour dire la tradition, l’intelligence de la main et le respect des choses et des êtres… ce washi millénaire s’accorde pleinement avec les enjeux de soutenabilité d’aujourd’hui. 

L’exposition devait initialement être montrée au Domaine du Rayol (Var) en début d’année 2021. Les conditions sanitaires ne permettent pas au public d’y accéder. Nous vous proposons un bref aperçu en ligne et une vidéo de présentation, en espérant avoir d’autres occasions de la montrer prochainement.

Commissariat : Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS, Marseille) et Yuji Yonehara (Center for Innovation in Traditional Industries, Université Seika, Kyoto)
Manga : Itsu Horiguchi
Photos : Frédéric Joulian et Yuji Yonehara
Vidéos : Frédéric Joulian et Yuji Yonehara
Partenaires : Center for Innovation in Traditional Industries-Kyoto Seika University / EHESS / Centre Norbert Elias / La Fabrique des écritures / revue Techniques&Culture.
Coopération sur le terrain : Kurotani Washi Cooperative Association / TSUGI llc. / Yanase Washi Ltd. / Yamatsugi Washi Studio / Osada Washi Co., Ltd / Benrido Inc. / Yuki Senda / Kyoto International Manga Museum / Research Institute for Humanity and Nature.