La journée d’étude « Après Schneider », organisée dans le cadre du séminaire “Enfance et Parenté : croiser les âges, le genre et les générations” et du projet « Lesbian Moms and their Kids At Court« , se tiendra le 9 juin 2022, à la Vieille Charité, Campus EHESS Marseille (salle A)  et en visioconférence. 

Coordination scientifique : Agnès Martial (Centre Norbert Elias, CNRS), Natacha Collomb (Centre Norbert Elias, CNRS), Alice Sophie Sarcinelli (Centre Norbert Elias, CNRS).

Visioconférence sur inscription auprès de natacha.collomb@cnrs.fr

Programme

Matinée

10h00-11h00
Introduire David Schneider en France : quel anthropologue pour quelle anthropologie ?
Natacha Dugnat-Collomb (Centre Norbert Elias, CNRS)
Les travaux, autour de la parenté et de sa critique, de l’anthropologue américain David Schneider, figure majeure de l’anthropologie états-unienne des années 1960 à la fin des années 1980, ont contribué à signer en Amérique du nord une éclipse de l’intérêt pour et de l’enseignement de la parenté avant d’être réinvestis à nouveaux frais dans les pays anglo-saxons pour renouveler les approches et les thèmes de ce domaine fondateur de l’anthropologie. En France, l’œuvre de Schneider est restée longtemps marginale en dépit de la très belle lecture qu’en a fait Francis Zimmermann dans « Enquête sur la parenté » paru en 1993. Depuis le milieu des années 1990, les travaux de Schneider sont cependant de plus en plus sollicités dans le contexte des multiples reconfigurations des formes familiales et de la nature des relations entre parents. Cependant, la richesse du personnage et l’importance de son geste anthropologique, en particulier dans sa dimension épistémologique, demeurent insuffisamment connus. À partir de la traduction en français de « A Critique of the Study of Kinship » (à paraître fin 2022) et des recherches qu’elle a suscitées, c’est sur ces deux points que je propose de revenir afin de retranscrire la complexité heuristique de cette œuvre.
(40 mn de présentation, 20 mn de discussion)

11h-11h30 : Pause

11h30-12h30
La part du biologique dans le fondement de la parenté dans les familles fondées grâce à une gestation pour autrui. Penser avec Schneider 
Jérôme Courduriès (Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires, Université de Toulouse Jean Jaurès)
La gestation pour autrui a pour caractéristique d’inscrire l’enfant dans un ensemble inédit de relations avec son ou ses parent(s), la femme qui a donné l’ovocyte avec lequel il a été conçu, celle qui l’a porté pendant 9 mois et mis au monde et parfois, dans l’entourage de cette dernière, ses propres apparentés. Les analyses de David Schneider relatives aux représentations des liens par le sang dans les sociétés occidentales et au système symbolique dont est porteur le système de parenté euro-américain, et celles qui ont suivi, aident à penser ces configurations relationnelles.
(40 mn de présentation, 20 mn de discussion)

 

Après-midi

14h00-15h00
« American Kinship » à la lumière des familles homoparentales : continuités et transformations des représentations euro-américaines de la parenté
Flávio Luiz Tarnovski (Université Fédérale de Mato Grosso, Cuiabá, Brésil)
À partir d’enquêtes réalisées avec des familles homoparentales en France et au Brésil, cet exposé reprendra l’analyse de David Schneider sur l’opposition entre l’ordre de la nature et l’ordre de la loi, ainsi que sur la dimension symbolique des rapports sexuels, pour comprendre la production des liens de parenté aujourd’hui. Cette réflexion portera principalement sur des situations de coparentalité entre gays et lesbiennes, afin de mettre en perspective certains enjeux récents concernant la création et la reconnaissance de nouvelles configurations familiales.
(40 mn de présentation, 20 mn de discussion)

15h30-16h30
Origins, Genes, Love, History: Analyzing Italian Same-Sex Families through David Schneider’s Legacies
Corinna Sabrina Guerzoni (Alma Mater Studiorum, University of Bologna)
« American Kinship. A Cultural Account » by David Schneider opened a critical reflection for kinship’s studies within the Euro-American context, causing important impacts on the future studies. For example, Kath Weston criticized his work highlighting how reductive was defining a family by using only the categories “by blood” and “by law” identified by Schneider (Schneider, 1968 – 1980). Indeed, gay families as families of choice studied by Weston arose without any biological, procreative, or legal ties. In a similar way, Janet Carsten showed how there is not a unique model of biological kinship, since the relationship between blood and biogenetic substance is more complicated than Schneider theorized (2001, p. 32). In my contribution, I will show how Schneider’s legacies influenced the ethnographic research that I conducted on Italian gay families (2012 – 2017).
(40 mn de présentation, 20 mn de discussion)

16h30- 17h00
Discussion générale et conclusion

Illustration – © Maxime Jeune