Médiations artistiques et santé : écrire et décrire autrement ?
3e demi-journée d’action en santé publique (JASP) proposée par l’Institut des sciences de la santé publique d’Aix-Marseille Université (ISSPAM), le 19 décembre 2023, de 14h00 à 17h30, Aix-Marseille Université, campus Saint-Charles Marseille 1er (salle de projection du bâtiment Turbulence) et en visioconférence.
Ouvert étudiants (Licence, Master, Doctorat), post doctorants, universitaires, professionnels de santé, patients, société civile et citoyens. Inscriptions gratuites mais obligatoires avant le 12 décembre 2023. Plus d’infos…

 

 

La médiation artistique autant dans la phase de recueil des données que dans celle de la restitution, est de plus en plus présente dans les travaux de recherche (Bizeul, 2007). Elle soulève notamment la question de la collaboration entre l’artiste et le chercheur, et entre deux mondes sociaux avec leurs logiques propres (Szary, 2016). Le recours à la médiation artistique vise à solliciter le langage non verbal, l’imaginaire, l’émotionnel, à la fois dans la relation d’enquête et au moment de la restitution. Si ces questions ont déjà été travaillées, cette demi-journée ambitionne de les approfondir au travers des recherches effectuées par les membres de l’ISSPAM (et peut-être au-delà).

Les enjeux des médiations artistiques dans le secteur de la santé
Les médiations artistiques soulèvent des enjeux à la fois méthodologiques, épistémologiques, politiques, éthiques et techniques. Dans les démocraties épistémiques, elles posent la question de « l’éthique de la recherche », touchant à la hiérarchisation des savoirs, à l’origine des démarches de recherche, aux propriétaires ou auteurs des connaissances produites et à l’usage de celles-ci, tout autant qu’aux modalités d’échange ou de partage entre savoirs » (Schurmans et al., 2014, p. 2). Dans le secteur de la santé ces questions sont d’autant plus pertinentes : le recours à un médium artistique change le rapport à la relation d’enquête, son utilisation peut viser à réduire la violence symbolique parfois présente dans le recueil de données, dans les traitements thérapeutiques proposés, et ainsi restaurer une forme d’équilibre dans l’interaction entre le chercheur, les soignants et les personnes enquêtées. Ces préoccupations soulèvent la question du médium le plus adapté pour partager les résultats avec ces dernières.
Si toute restitution est portée par le souci de l’utilité et des usages des connaissances produites, cette démarche invite à s’interroger sur l’objet, la temporalité, les formes de la restitution, ainsi que ses destinataires. Les médiations artistiques proposent alors des alternatives pour donner à entendre les résultats des recherches à la société civile ; elles invitent également à la construction des savoirs, par un éventuel retour du public qui, par ses réactions devient partie prenante de l’enquête, et qui peut aussi s’inscrire dans des formes d’engagements pouvant nourrir la démarche d’enquête. Les nouvelles formes de collaborations entre artistes et chercheurs – que l’on considère les productions théâtrales, filmiques, les podcasts, les bandes dessinées, les expositions, etc. – soulèvent la question des relations entre des mondes sociaux, aux logiques professionnelles différentes, pour lesquels les critères de validité et d’évaluation scientifiques et artistiques peuvent entrer en tension. Il semble ainsi souhaitable d’expliciter la place de l’auteur, de définir les destinataires, et les médiums.

A l’occasion de cette demi-journée, des chercheurs, des porteurs de projets, intervenants et décideurs locaux et nationaux seront présents pour présenter les logiques interventionnelles de ces actions et leur inscription dans un contexte institutionnel. Nous portons à cœur la volonté de rassembler les acteurs majeurs de la santé publique au niveau du territoire autours d’espaces d’échanges et de réflexions et nous espérons vous recevoir à cette occasion. Parmi les intervenants nous aurons la joie d’accueillir notamment la Fabrique des Écritures Ethnographiques pour fournir les outils nécessaires aux personnes désirants mettre en place des actions de médiation artistique. Nous recevrons aussi des intervenants qui présenteront leur travaux inspirants : un extrait du film « une voie centrale », une représentation de la danse de la compagnie Essevesse, la présentation du journal Sang d’Encre ou encore la présentation de la BD « stupéfiantes »… Enfin, nous aurons autour d’une table ronde des décideurs locaux et nationaux pour discuter avec les intervenants de cette thématique de la médiation artistique.

Comité d’organisation
Franck Chamati, ISSPAM
Francesca Sirna, CNRS, Centre Norbert Elias, ISSPAM, ICM
Emmanuelle Le Barbenchon, LPS-AMU, Vice-doyenne ALLSH, directrice Adjointe ISSPAM, en charge de la Recherche
Patrizia Carrieri, INSERM, SESSTIM, ISSPAM
Marie Dos Santos, INSERM, SESSTIM, ISSPAM