En forme d’étape d’un séminaire poursuivi mensuellement depuis janvier 2021, le propos de cette journée d’étude, est de rassembler des enquêtes originales et situées autour d’une approche envisageant l’État désencastré d’une genèse, d’attributs et de paradigmes “modernes”. Il vise à analyser les rapprochements qu’une telle perspective autorise tant quant aux possibilités comparatives que quant au renouvellement de l’analyse des usages et des « effets d’État » dans le champ des pratiques sociales et politiques comme dans celui des sciences sociales mêmes.
Concept creux, disputé ou chargé de représentations, “l’État” est en effet l’un de ces rocs sur lesquels s’abîment bien des entreprises de SHS comparées, et de façon flagrante, plus encore lorsqu’on s’aventure hors des sentiers battus de l’espace européen, parfois décrit comme “l’espace des États”, celui de la différenciation et de la spécialisation de rôles et d’institutions du politique propres aux sociétés “à histoire”. Dans les sociétés du Moyen-Orient et des mondes musulmans, les débats privilégient un grand partage entre sociétés « d’ancien régime » et contemporaines, d’ancien régime ou sans État. D’aucuns envisagent désormais les sociétés du Maghreb et surtout du Moyen-Orient, comme un observatoire privilégié de la “fin des États” – et notamment des “funérailles des États nations”, ce pas seulement du point de vue des relations internationales, mais aussi du point de vue des sciences sociales. En proposant une réflexion “sans l’ombre de la modernité”, nous souhaitons, de notre côté, instruire une réflexion exploratoire et originale sur la question de l’État en affichant une triple ambition :

  • Un exercice interdisciplinaire, et dans la longue durée, qui questionne, avec les outils de nos disciplines respectives, les identifications, configurations et contextes d’inscription de l’État dans des dispositifs pratiques, mais encore comme objet des sciences sociales.
  • Une tentative d’échapper à la tentation téléologique qui tend à accompagner la problématique de la formation de l’État pour s’émanciper d’une perspective normative (prompte à considérer le principe d’États faillis ou inachevés), ou évolutionniste (qui tant à regarder les manifestions du passé comme les ambryon d’un à venir) en préférant analyser ce que des pratiques en différentes époques et lieux signalent et instituent en fait d’État et en termes “d’effets d’État”.
  • Une attention aux lignes de fuite que ces confrontations exonérées de l’éclairage moderniste permettent de considérer.

Organisée par Myriam Catusse (Ifpo), Isabelle Grangaud (Centre Norbert Elias) et Norig Neveu (IREMAM).

Programme

9h30-10h

Introduction
Myriam Catusse (IFPO, Beyrouth) et Isabelle Grangaud (Centre Norbert Elias, Marseille)

10h-11h15 : première session

La jamâ`a dans la province Tunis dans la seconde moitié du XIXe siècle
Sami Bargaoui, Université de La Manouba, Tunis,

Pause

11h30-12h45 : deuxième session

Du syncrétisme méthodologique dans la théorie juridique de « l’État arabe » : entre obstacles épistémologiques et stratégie heuristique
Nordine Latreche, faculté de droit de l’UPEC, Créteil,  »

Déjeuner

14h-15h15 : troisième session

Éclatement de l’action publique et effet d’État autoritaire. Les intermédiaires du gouvernement du quotidien dans la République islamique d’Iran
Sahar Aurore Saeidnia, Université libre de Bruxelles,

Pause

15h30-17h : quatrième session

Discussion générale
Avec Elise Massicard (CETOBAC, Paris), Norgi Neveu (IREMAM, Aix-en-Provence), Thomas Pierret (IREMAM, Aix-en-Provence) et Marine Poirier (IREMAM, Aix-en-Provence).

Image : EDL,Beyrouth, Liban © Myriam Catusse