Après avoir joyeusement tourné autour du pot la saison précédente en discutant des pannes d’inspirations, dénis, inquiétudes, hésitations bien souvent synonymes d’incapacitation, cette année nous sommes décidées à mettre les mains dans le cambouis. À vos stylos-claviers donc, machinistes, cette année on écrit ! Résolument attachées à l’atelier comme lieu de réparation collective, nous proposons quatre séances à outiller, axées sur la matérialité de l’écriture : feuilles de brouillons de toute sorte, textes transposables à transposer, objets en tout genre à décrire, langues à traduire. Au fil d’une mécanique mise à nue, nous regarderons ce que peut faire écrire ensemble. Pour lutter contre la solitude de la page blanche, mais s’entendre dans ce gai brouhaha, les inscriptions aux ateliers sont limitées en places.

Coordination scientifique
Natacha Collomb, Natacha Orlando, Mélanie Gourarier, Mylène Hernandez

Laboratoires impliqués
Laboratoire d’Etudes de Genre et de Sexualité (LEGS) et Centre Norbert Elias.

Merci de vous inscrire auprès de l’une des coordinatrices. Vous recevrez ainsi les informations relatives aux séances à venir : natacha.collomb@cnrs.frnatachadorlando@gmail.commelanie.gourarier@legs.cnrs.frhernandez.mylene@gmail.com

 

Programme des séances

 

Mardi 31 janvier 2023 · 14h00-17h00
(D)écrire
Marseille · La Vieille Charité, Salle A, 2e étage

Passage obligatoire mais peu obligeant, la description est souvent appréhendée comme un exercice à faire, certes, mais inintéressant, une simple promenade de santé ! Coincé entre l’observation et l’analyse, décrire serait donc un geste rébarbatif. Pourtant, loin de l’arriditée supposée de la manœuvre, la description vient huiler les écritures grippées. Décrire permettrait donc de quitter le garage pour chauffer le moteur, qu’il s’agisse d’échappées belles ou de tours de circuit. Nous nous appuierons donc sur elle pour initier le mouvement de la séance. Car décrire ce n’est pas seulement se lancer dans l’écriture avec filet. Décrire est également un mouvement exploratoire incertain qui traduit et trahit le regard de celui et celle qui croit qu’ielle ne fait que passer.

21 mars 2023 · 16h00-19h00
Paraphraser, périphraser
Aubervilliers – Campus Condorcet, Bâtiment de recherche Nord, salle 1.095

Comment créer à partir du déjà-fait ? Que produit-on lorsque l’on réécrit, que l’on s’approprie, voire lorsque l’on recopie ? Réécrire, est-ce déjà/toujours écrire ? Cette session propose de transformer “Pannes et réparations” en atelier de seconde-main, de nous rendre faussaires de textes qui nous plaisent (pour les incorporer) ou qui nous dérangent (pour les retaper ensemble). Ce-faisant, nous tenterons de déboulonner le paradigme du génie romantique, admiré pour sa capacité d’innovation et son incroyable singularité créative. Par le collage, la paraphrase ou la périphrase – autant de techniques fréquemment considérées comme le niveau-zéro de la production de sens – nous essaierons d’approcher les textes lus et écrits ensemble à travers le prisme du bidouillage collectif.

Jeudi 29 juin 2023 · 9h00-12h00
Traduire
Marseille · La Vieille Charité, Salle de réunion du Centre Norbert Elias, 3e étage
Atelier animé par Natacha Dugnat-Collomb

Le dos d’une enveloppe, l’envers d’un tract. Un bout de papier qui traîne. Sur un post-it, dans un carnet. Ligné, à petits carreaux. Stylo noir only. Des feuilles volantes, mode paysage, mode portrait. Une note vocale. Dans « Notes rapides » : quelques phrases. Sur un coin de table. À la volée. Illisibles une fois la fièvre retombée. Épiphanie toute personnelle. Raturer. Flécher. Trop-plein. Élucidation soudaine ou procédé laborieux d’anti-enlisement. Écriture qui décrit des cercles, tentative d’épuisement. Oubli de l’orthographe. Creusement d’une étroite surface d’idée. De la mémoire en plus. Se raconter ce qui nous a saisi un jour. Dans cet atelier, nous prendrons le temps d’observer nos brouillons, de les décrire, de les faire parler. Nous re·lirons nos brouillons, les écouterons dits par d’autres, interrogerons leur fonction. Nous brouillonnerons enfin, et tâcherons*, guidé·es par des propositions d’écriture, de déplier nos notes. *Le·la tâcheron·ne est la « personne qui exécute avec application des tâches sans prestige ». Peut- on lire plus juste description de l’art de brouillonner ?

Jeudi 29 juin 2023 2023 · 14h00-17h00
Brouillonner
Marseille – La Vieille Charité, Salle A, 2e étage
Atelier animation par Mylène Hernandez

Le T’ai Dam est une langue tonale parlée en Asie du Sud- Est. Elle sera notre voile pour entreprendre cette régate risquée. Dans traduire, traquons toujours trahir. Traduire, c’est aussi transposer d’une langue à une autre. Et dans transposer on trouve les idées de déplacer d’un lieu à l’autre, d’inverser l’ordre des termes d’un rapport, d’exécuter (un morceau de musique) dans une tonalité différente. Traduire c’est dire dans une autre langue, fût-elle celle d’une autre spécialité ou d’un autre pays. Dans cet exercice, vous aurez à translittérer au plus près de ce que vous entendez un court extrait de conversation, à en transcrire une traduction littérale dans un français littéraire, puis à comparer votre travail avec le mien. Vous pourrez aussi amener un court extrait de texte traduit ou à traduire sur lequel vous aimeriez que nous jouions de nos instruments ensemble.