Ce qui fait santé du point de vue des vigneron.ne.s

Ce qui fait santé du point de vue des vigneron.ne.s : enjeux sanitaires et environnementaux (février 2021-janvier 2022)

Direction scientifique
Eve Bureau-Point (Centre Norbert Elias/CNRS), Etienne Amiet (chercheur correspondant CNE), Johanna Lees (Lassa/chercheure correspondante Centre Norbert Elias)

Financement
Fondation de France

Partenaires scientifiques
Centre Norbert Elias, Laboratoire de sciences sociales appliquées (LaSSA)

Contexte
Encore aujourd’hui, les enjeux sanitaires dans le secteur agricole font l’objet de nombreux débats et controverses. La France, en étant « le premier pays agricole de l’Union européenne, aussi bien en termes de surface agricole utile ou utilisée, qu’en termes de chiffres d’affaires de production agricole » (INSERM, 2013 : 5), est aussi le deuxième utilisateur européen de produits phytosanitaires avec 66 659 tonnes de substances actives vendues, après l’Espagne (ANSES, 2017). Alors que la vigne correspond à seulement 3% de la surface agricole utile, elle représente 20% des usages phytosanitaires pour la protection des maladies (rapport IGAS, 2017). Or, les pesticides, en étant reconnus dans la littérature épidémiologique comme pouvant être la cause notamment de lymphomes non hodgkiniens, leucémies, cancers de la prostate et problèmes d’infertilité (INSERM, 2012 et 2013), constituent toujours un enjeu majeur de santé publique.
Dans le même temps, les incitations voire les injonctions à « la transition écologique » provenant des politiques publiques et des citoyens témoignent d’attentes fortes à l’égard des agriculteurs. Ainsi, ces derniers sont invités à « écologiser leurs pratiques » professionnelles. Le présent projet de recherche se situe à l’intersection de ces deux enjeux de société contemporains : « la transition écologique » et la santé des travailleurs ici plus spécifiquement celle des viticulteurs.
L’objectif de ce projet de recherche est, dans une perspective socio-anthropologique et participative, de s’appuyer sur les savoirs en santé environnementale des viticulteurs afin de documenter « ce qui fait santé de leurs points de vue ». Ce projet associera chercheurs et citoyens pour produire des connaissances, démarches de co-construction scientifique dont l’intérêt a déjà été démontré par ailleurs (Brown, 1992; Calvez, 2009, 2015; Allen, 2017). Une des questions centrales du projet de recherche sera de documenter ce qui fait « santé » du point de vue des viticulteur.ice.s et vigneron.nes et d’identifier les liens élaborés par ces dernièr.e.s entre santé, environnement, trajectoire de vie et expositions professionnelles. Aussi, nous chercherons à comprendre dans quelle mesure l’écologisation des pratiques agricoles est prédéterminée ou non par des questions de santé, ou a des effets sur cette dernière. A partir de deux terrains d’études (la Drôme et le Beaujolais), nous chercherons à comprendre – grâce à des entretiens et monographies d’exploitations agricoles – comment des viticulteur.ices et vigneron.ne.s engagé.es ou en voie d’engagement, ou non engagé dans une démarche de transition écologique pensent et expérimentent les questions de santé.
La production de données via les entretiens sera complétée par la mise en place d’ateliers collaboratifs associant différents vignerons afin de discuter des résultats préliminaires. La mise en place de ces ateliers répond à un double objectif de mutualisation des savoirs et de co-construction des connaissances scientifiques dans la perspective de mieux comprendre les enjeux de santé et leur source à l’échelle des viticulteurs-trices. Des recommandations à destination des politiques publiques seront élaborées à l’issue du projet.