A écouter sur la chaîne sur YouTube de l’École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée, les podcasts des rencontres  “La Position du chercheur. La Position du chercheur. Rencontres indisciplinées arts et sciences sociales”, qui s’est tenu du 8 au 10 novembre 2017 à l’EHESS Campus Marseille à la Vieille Charité au Mucem.
L’événement était placé sous la coordination scientifique de Jean-Roche Bouiller (MuCEM), Vanessa Brito (ESADMM), Aude Fanlo (MUCEM), Pierre Oudart (ESADMM), Boris Pétric (CNE/CNRS) et Xavier Rey (Musées de Marseille).

 

La Position du chercheur. Rencontres indisciplinées « Arts et sciences sociales », 8-9-10 novembre 2017, Marseille

Le positionnement éthique ou politique d’un chercheur se construit à travers ses méthodes de travail. En sciences humaines et sociales, ces méthodes sont autant de manières de faire au sein du discours. Elles mobilisent un ensemble de gestes et d’opérations qui concernent aussi la recherche artistique. C’est sur ces gestes partagés que nous souhaitons amener le dialogue entre recherches scientifiques et pratiques artistiques.

Nous partons de la part commune de matérialité du travail de recherche – la confrontation avec les matériaux, les archives et les témoignages – pour susciter un dialogue autour des gestes de la collecte, des méthodes d’enquête, des formes d’écriture et d’exposition. Admettre que celles-ci ne traduisent pas seulement des résultats, mais constituent en soi des chantiers théoriques et artistiques, c’est ouvrir un espace d’échanges entre arts et sciences sociales.

Notre démarche consiste davantage à décloisonner les discours qu’à interroger la spécificité de nos recherches respectives. L’enjeu est de penser la recherche en dehors des frontières disciplinaires afin de constituer un laboratoire de réflexivité et d’innovation offrant aux uns et aux autres la possibilité de déplacer son regard sur ses objets et ses pratiques.

 

Mercredi 8 novembre 2017

Engagement et distanciation : le chercheur et son terrain

Modération : Boris Pétric (Centre Norbert Elias) et Vanessa Brito (ESADMM)
Interventions : Philipe Bazin et Christiane Vollaire Kapwani Kiwanga, Quentin Deluermoz, Marie Voignier, Jeff Silva.

Comment évaluer la proximité ou la distance par rapport à son sujet de travail ? L’implication du chercheur conditionne son intelligence des problèmes à étudier ou des situations à documenter. En témoignent de nombreuses réflexions sur le placement de la caméra, mais aussi sur la place des émotions dans l’énonciation historique, ou encore sur le rôle heuristique des procédés littéraires et des techniques théâtrales de distanciation. Ce dialogue entre chercheurs et artistes vise à interroger le caractère heuristiquement fécond de l’implication sensible du chercheur, ainsi que le rôle du désir dans le geste de chercher

 

Jeudi 9 novembre 2017

Isoler, cadrer, confronter : enjeux des gestes de la collecte

Modération : Lotte Arndt (ESAD Valence-Grenoble) et Dorothée Dussy (CNE)
Interventions :  Mathieu Abonnenc (artiste), Romain Bertrand (historien), Benoît de l’Estoile (anthropologue).

Comment se constitue un objet de recherche ? Tout commence, comme le rappelle Michel de Certeau, avec le geste de mettre à part. Les premiers gestes consistent à collecter, à isoler, à cadrer, à confronter des sources, à opérer des changements de focale. Ils ont une force qui leur est propre, ils fabriquent du sens. Quels effets cela produit sur nos possibilités de compréhension ? Comment un objet se transforme en document, en objet archéologique ou ethnographique ? Qu’est-ce qui se perd lors de cette transformation qui est aussi un abandon de liens et de possibles ? Un des objectifs sera de confronter les enjeux de différents gestes et pratiques de la collecte réalisées par des chercheurs et des artistes.

 

Vendredi 10 novembre 2017

Trouer le récit continu : espaces blancs, histoires potentielles et contrefactuelles

Modération : Vanessa Brito (ESADMM) et Anna Dezeuze (ESADMM)
Interventions : Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou (historiens), Vincent Meessen (artiste), Uriel Orlow (artiste).

Une manière de refuser le caractère nécessaire de l’état des choses est, pour les historiens, d’imaginer à partir de ce qui s’est amorcé mais non développé dans l’histoire, ce qu’aurait pu être le futur de ces passés inaboutis. Il est possible d’écrire une autre histoire à partir des avenirs non advenus – une histoire fictive, contrefactuelle, mais offrant des ressources à l’action, en dehors de l’évidence du présent. Ces expériences d’écriture en histoire, pratiquées parfois en anthropologie, peuvent alors rencontrer des expériences artistiques de mise en récit. Ce qui nous permettra d’interroger les usages artistiques du document et de l’archive, le statut de la fiction et les régimes de véridicité.

L’exposition comme forme écriture

Modération : Sylvie Collier (UAM) et Jean-Roch Bouiller (MuCEM)
Interventions : Nadine Gomez (directrice du Musée Gassendi et de la plateforme « Cairn »), Yann-Philippe Tastevin (anthropologue), Philippe Artières (historien)

Exposer est une opération commune à l’artiste et au chercheur en sciences humaines et sociales. On expose des images, mais aussi une pensée et des arguments. Qu’il soit visuel ou textuel, le montage construit du sens, tisse des récits et propose une narration. Aujourd’hui, philosophes et historiens de l’art cherchent des points de convergence entre la forme-livre et la forme-exposition. Des anthropologues, sociologues et historiens co-construisent des expositions dans des musées de société. Le commissariat de recherche pose clairement la question de l’engagement de l’art par rapport à la connaissance et nous rend à l’évidence que la production du savoir est indissociable de ses formes de monstration et d’exposition. Une réflexion commune sur les enjeux de cette forme de narration ouvre encore un espace de dialogues entre nos recherches respectives.