Séminaire de recherche “Mobilités et appartenances” (MobAp) 2024, sous la coordination de Melissa Blanchard (Centre Norbert Elias/CNRS), Francesca Sirna (Centre Norbert Elias/CNRS), Giulia Fabiano (IDEAS/AMU), Yacine Amenna (CCY/Université du Luxembourg).
A Marseille (Campus EHESS Marseille) et à Aix-en-Provence (AMU Campus Schuman) et en visioconférence.
Contact : melissa.blanchard@uni-amu.fr, francesca.sirna@univ-amu.fr, giulia.fabiano@univ-amu.fr

Présentation

[English texte below]

La mobilité, dans ses différentes formes, est un élément constitutif des sociétés contemporaines, à la fois vecteur et résultat de changements sociaux majeurs. Migrations, circulations professionnelles, exiles, diasporas, retours : le terme mobilité couvre un vaste éventail de formes de déplacement, différents rapports au temps et à l’espace. Ce séminaire analysera les enjeux épistémologiques des mobilités et des appartenances qui les accompagnent, à partir de réflexions ancrées dans des enquêtes de terrain. D’une part, il questionnera de manière critique l’apparat théorique des études sur la mobilité, interrogeant la construction et l’utilisation de concepts tels que migrations et mobilités ; globalisation et localismes grande distance ; transnational et transrégional ; régimes de mobilité et d’immobilité etc. D’autre part, ce séminaire analysera les multiples formes d’appartenance qui accompagnent ces mobilités, à la fois avant, pendant et après le déplacement. Il s’agira dès lors d’interroger la façon dont sont construites différentes configurations d’identification et d’assignation identitaire et la manière dont elles interagissent avec les multiples appartenances des acteurs de la mobilité. Nous examinerons d’une part, les identifications mises en place par les institutions (États, organismes gouvernementaux et inter-gouvernementaux) et les assignations identitaires construites dans l’interaction sociale. D’autre part, les différentes échelles d’appartenance des individus, en relation aux espaces multiples dans lesquels se déploie son expérience (pays ou région de départ, d’arrivée, de transit, de retour) seront aussi considérées. Il s’agira donc d’étudier la fabrique des appartenances à l’aune de la mobilité.
Chaque séance de ce séminaire se développera autour d’un échange entre un invité international et un chercheur français, afin de mettre en dialogue différents horizons épistémologiques, traditions nationales et courants de pensée, au sein des sciences sociales.

Mobility, in its various forms, is a constituent element of contemporary societies, both a vector and a result of major social changes. Migrations, professional circulations, exiles, diasporas, returns: the term mobility covers a wide range of forms of movement, as well as different relationships to time and space. Building on different researchers’ fieldwork, this seminar will analyse the epistemological challenges of mobility and the forms of belonging that accompany it. On the one hand, it will critically question the theoretical apparatus of mobility studies, examining the construction and use of concepts such as migration and mobility; globalisation and long-distance localism; transnational and transregional; regimes of mobility and immobility, etc. On the other hand, this seminar will analyse the multiple forms of belonging that accompany these mobilities, before, during and after displacement. It will therefore question the way in which different kinds of identification and identity assignment are constructed and the way in which they interact with the actors’ multiple affiliations. We will examine the identifications implemented by institutions (States, governmental and inter-governmental bodies) and the identity assignments built in social interaction. We will also consider the different scales of belonging of individuals in relation to the multiple spaces in which their experience unfolds (the country or region of departure, arrival, transit and return).

 

Séances 

11 janvier 2024 – 11h00-13h00
Between externalisation and counter-externalisationnon-governmental bordering and debordering between North Africa and Europe
Paolo Cuttitta (Università di Genova/DISFOR), via Zoom.
EHESS Campus Marseille (La Vieille Charité, 2e étage, salle C)

23 février – 9h30-12h30
De l’intime au politique. La narrativité des choix funéraires en contexte transnational et minoritaire
Valérie Cuzol (Centre Max Weber/Université Lumière Lyon 2).
Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence (Campus Schuman, bâtiment Egger, salle E005)

15 mars 2024 – 9h30-12h30
Retours et frontière, retour de frontières
Guillaume Javourez (Université de Lorraine) et Pierre Sintès (TELEMMe/CNRS).
Retour à Iqrith et à Bir’em : défis pratiques et éthiques d’une mission enquête-collecte sur terrain sensible
Adoram Schneidleder (LAS/EHESS)
Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence (Campus Schuman, bâtiment Egger, salle E005)

22 mars 2024 – 9h30-12h30 (Marseille)
Familles transnationales entre la Colombie, l’Espagne et la France : care et recompositions des rapports de genre à partir d’une enquête multi-située
Séance de rencontre et de discussion avec la géographe et anthropologue Polina Palash (TELEMMe).
Séance commune avec le séminaire “Chantiers Féministes”.
MucemLab, Mucem, Marseille (entrée par la tour du Roi René)

11 avril 2024 – 11h00-13h00
Technologies de (De-)migrantisation: Catégorisations, réflexivité et production des connaissances au sein des études de migration et mobilités
Janine Dahinden (LAPS-MAPS/Université de Neuchâtel)
Séance commune avec le séminaire du réseau MIMED (MMSH)
EHESS Campus Marseille (La Vieille Charité, 2e étage, salle A)
+ visio : https://univ-amu-fr.zoom.us/j/81456359877?pwd=M1BBTVlFOFUrZVh6UDR2czBiaXZWdz09
Qu’est-ce qu’un.e « migrant.e » ? « Qui » est concerné.e par les politiques migratoires ? Il est évident que les gens ne sont pas des « (im)migrant·es » par nature. Les migrant·es ne naissent pas migrant·es. Iels le deviennent lorsqu’iels franchissent une frontière nationale par exemple. Il arrive cependant que des personnes soient appelées « migrant·es » alors qu’elles n’ont jamais franchi de frontière et sont citoyennes de l’État dans lequel elles vivent depuis des générations ; elles peuvent avoir une couleur de peau ou un nom qui, d’un point de vue discursif et politique, est construit comme n’étant pas « d’ici ». En m’appuyant sur mes travaux antérieurs sur la « dé-migrantisation », je développerai dans cet exposé mes travaux en cours sur ce que j’appelle les « technologies de migrantisation ». J’entends par là la manière dont certaines personnes se voient attribuer le statut de migrant.e par le biais de divers processus sociaux, économiques, et politiques, et la manière dont ces processus sont liés au pouvoir. Je considère donc la « migrantisation » comme un ensemble de technologies performatives de pouvoir et de gouvernementalité qui sont étroitement liées à la logique de l’État-nation, à des héritages historiques multiples et des formes de catégorisations particulières. 

23 mai 2024 – 11h00-13h00
Doing Migration Studies with an Accent
Shahram Khosravi (Stockholm University, Department of Social Anthropology)
EHESS Campus Marseille (La Vieille Charité, 2e étage, salle B)
Lien de visioconférence sur demande.

13 juin 2024 – 11h00-13h00
Counter-mapping as counter-archiving: assembling traces of border violence
Martina Tazzioli (Università di Bologna)
EHESS Campus Marseille (La Vieille Charité, 2e étage, salle C)

Illustration : Luce Rungette, 2024.