Anne Richier soutient sa thèse de doctorat en anthropologie sociale et historique préparée sous la direction de Jean Boutier le 18 décembre 2020 à 14h00, salle B de la Vieille Charité, Marseille et en visioconférence.

Titre
Mort ordinaire, morts ordinaires : traitement et devenir des corps dans les cimetières à partir de l’exemple provençal (XVIe-XIXe siècle). Apports de l’archéologie à l’histoire et à l’anthropologie sociale

Title
Ordinary death, ordinary deaths: treatment and fate of bodies in cemeteries based on the Provençal example (16th-19th century). Contributions of archaeology to history and social anthropology

Résumé
La fouille archéologique récente de cimetières d’époque moderne et contemporaine a permis de dégager des problématiques inédites liées à la mort « ordinaire » entre le XVIe et le XIXe siècle. Si les historiens se sont largement penchés sur ce thème depuis les années 1970 dans le cadre de la « nouvelle histoire », l’archéologie funéraire a tardé à investir ces périodes, en dehors des sites de catastrophe liés à des épidémies ou des conflits. Le présent travail de recherche propose, à partir de données factuelles inédites fournies par la fouille récente de plusieurs cimetières provençaux, de revisiter le thème des vivants face à leurs morts de l’Ancien Régime à l’ère industrielle, période charnière dans l’histoire de la mort. La recherche est centrée sur le corps, à l’état de cadavre ou de squelette ; elle propose un regard inédit sur les rapports que les vivants entretiennent avec leurs morts. Des funérailles à l’oubli, individuel puis collectif, tout un panel de gestes peut être décrypté par l’observation des données de terrain. L’archéologie permet de révéler l’intimité des tombes, peu ou pas documentée par les sources historiques. Ces gestes et pratiques sont bien sûr à mettre en relation avec des cadres normatifs, des croyances, des imaginaires collectifs dont les traces sont écrites ou figurées. Ils sont également directement dépendants des conditions socio-économiques des populations inhumées et inhumantes. Ainsi, ce travail de recherche ne peut qu’être pluridisciplinaire, et la démarche dialectique, à la croisée entre archéologie, histoire et anthropologie sociale.

Abstract
The recent archaeological excavation of modern and contemporary cemeteries has revealed new problems related to « ordinary » death between the 16th and 19th centuries. Although historians have been studying this theme since the 1970s in the context of the  » New History « , funerary archaeology has been slow to invest these « newer than old » times outside of disaster sites, linked to epidemics or conflicts. The present research work proposes, based on unpublished factual data provided by the recent excavation of several cemeteries of Provence (France), to revisit the theme of the living facing their dead from the Old Regime to the industrial Age, a pivotal period in the history of death. Research is centred on the body, whether in the state of a corpse or skeleton, and offers an original look at the relationship that the living have with their dead. From funerals to forgetfulness, individual and collective, a whole range of gestures can be decrypted by observation of field data. Archaeology reveals the privacy of the tombs, little or not documented by historical sources. These gestures and practices are of course to relate to normative frameworks, beliefs, collective imaginaries, whose traces are written or figured. They are also directly dependent on the socio-economic conditions of buried and burying populations. Thus, this research work can only be multidisciplinary and dialectical, at the crossroads between archaeology, history and social anthropology.

Jury
Élisabeth Anstett, directrice de recherches, CNRS, Marseille (Rapporteure)
Bruno Bertherat, maître de conférences, Université d’Avignon, Centre Norbert Elias (Examinateur)
Jean Boutier, directeur d’études, EHESS, Centre Norbert Elias, Marseille (Directeur)
Dominique Castex, directrice de recherches, CNRS, Bordeaux (Rapporteure)
Aurore Schmitt, chargée de recherche, HDR, CNRS, Montpellier (Examinatrice)
Stéfan Tzortzis, ingénieur d’études, MCC, Aix-en-Provence (Examinateur)

École doctorale
EHESS – Formation doctorale « Sciences sociales – Marseille » (École doctorale 286)
Spécialité : anthropologie sociale et historique