Axelle Dolino-Brodiez soutiendra son habilitation à diriger des recherches le 13 décembre à 14h00 à l’EHESS Paris, en mode hybride.
Celles et ceux qui souhaitent y assister, en présentiel ou en distantiel, sont invité·es à contacter directement Axelle (axelle.dolino-brodiez@cnrs.fr).

Titre du dossier
Une “mixed economy of welfare” : la lutte contre la pauvreté-précarité en France de la IIIe République à nos jours (1870-2020)

Titre du mémoire de synthèse
Du politique au social : bifurcations et oscillations

Titre du mémoire inédit (deux volumes)
Gravir les marches du Vatican, de l’Élysée, de l’ONU… ». ATD Quart Monde et la lutte contre la pauvreté : enjeux de (re)connaissancesRésumé

Résumé
Aucune association en France, et jusqu’à preuve du contraire dans le monde, n’a contribué autant qu’ATD Quart Monde à infléchir le cours de la lutte contre la pauvreté-précarité : par les recherches qu’elle a très tôt menées (dès 1960, alors qu’elles n’existent plus en France), qui l’ont conduite à récuser les approches aussi bien monétaires que socio-psychologisantes et moral(isant)es de la pauvreté-précarité au profit de lectures pluridimensionnelles ; par les termes qu’elle a forgés (« exclusion », « sous-prolétaires », « Quart Monde ») ou profondément renouvelés (« misère », « dignité », « droits de l’Homme ») ; par le plaidoyer national et international qu’elle a précocement inventé et mis en place ; par un patient et discret travail au sein des arcanes consultatives et décisionnelles de tous niveaux – en particulier françaises, européennes et onusiennes. Loi sur l’hébergement (1974), Rapport Péquignot (1978), Rapport Oheix (1981), Rapport Wresinski (1987), RMI (1988), Rapport de Gaulle Anthonioz (1995), loi de lutte contre les exclusions (1998), Droit au logement opposable (2007), reconnaissance de la précarité comme 21e critère de discrimination (2016), expérimentation Territoires Zéro chômeurs de longue durée (2016) et bien d’autres : aucun de ces jalons français majeurs, si l’on faisait de l’histoire contrefactuelle, n’existerait sans elle. Pas plus que n’existeraient, au niveau international, les reconnaissances onusiennes du lien entre violation des droits de l’Homme et grande pauvreté (années 1980), la Journée mondiale de lutte contre la misère (1992) et, vraisemblablement, le volet pauvreté de la transformation des Objectifs onusiens du millénaire pour le développement (OMD, 2000) en Objectifs de développement durable (ODD, 2015). Bilan étonnant pour une si petite association, née dans un bidonville et de budget aujourd’hui encore très modeste. C’est ce quasi paradoxe, et ce cheminement historique sur trois quarts de siècle, que ce mémoire inédit s’attache à retracer.
Loin de se limiter à une dimension monographique – qui existe cependant bel et bien, pour comprendre la construction et le développement, national puis international, de cette association et des engagements qui la sous-tendent –, ce travail vise à relire sous un jour nouveau l’histoire de la pauvreté, à mettre au jour des circulations transnationales ignorées ou sous-estimées, ainsi qu’à creuser nombre de chantiers historiographiques : de la « mixed economy of welfare » ; de la construction des savoirs (historiques, sociologiques, anthropologiques, statistiques et économiques, mais aussi savoirs d’action) sur la pauvreté ; du rôle à tous points de vue « aiguillon » des associations, sur les parlements, les gouvernements et les administrations, mais aussi les grands organes supranationaux. Ainsi, si certains travaux sur la pauvreté visent à « réfléchir sur ce que l’incorporation à l’action publique fait à une association », notre approche est avant tout inverse : saisir ce qu’une association peut faire à l’action publique et, plus largement, comprendre ce que peuvent les organisations de la société civile en un temps où la démocratie élective est malmenée.

Mots-clés
pauvreté, précarité, exclusion, associations, histoire, savoirs, plaidoyer

Jury
Romain Huret, Directeur d’études à l’EHESS (garant)
Bruno Dumons, Directeur de recherche au CNRS, LARHRA (rapporteur)
Nicolas Duvoux, Professeur à l’Université Paris 8, CRESPPA (rapporteur)
Laura Lee Downs, Professeure à l’European University Institute et directrice d’études à l’EHESS (rapportrice)
Emmanuelle Sibeud, Professeure à l’Université Paris 8, IDHES