Hajer Tlili soutiendra sa thèse de doctorat en Art (spécialité « cultures numériques, médias, communication » – Aix-Marseille Université) préparée sous la direction de Brigitte Juanals le 9 décembre 2022 à 14h00 à l’École de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille (EJCAM), salle de conférence, 21 Rue Virgile Marron, 13005 Marseille. La soutenance est ouverte au public et se déroulera en présence.

Titre
Médias et conquête de la liberté d’expression dans l’espace public contemporain en Tunisie : formes de régulation des organisations médiatiques en période de transition démocratique (2011-2021).

Résumé
Cette thèse porte, dans le paysage médiatique tunisien postrévolutionnaire, sur les formes de régulation audiovisuelle visant à ancrer la liberté d’expression. Elle met en évidence la corrélation entre médias, pouvoirs et espace public, dans une société tunisienne en transition et un paysage médiatique en mutation. Ce travail étudie dans quelle mesure la régulation pourrait protéger les citoyens de l’autoritarisme des pouvoirs politiques et des dérives des médias. Depuis son indépendance en 1956, l’Etat tunisien était le seul propriétaire de médias, le principal employeur de journalistes et dominait le secteur de l’audiovisuel. Lors de la chute du régime politique de Ben Ali en 2011, le paysage médiatique a irréversiblement changé. En 2013, la haute autorité indépendance de la communication audiovisuelle (HAICA) a été chargée de la réforme du secteur et de son indépendance des pouvoirs politiques. Le cadre théorique associe les travaux sur l’espace public et les théories de l’impact des médias sur l’opinion publique, la sociologie de la communication et des médias ainsi que le champ de recherche des « democratization studies » rattaché à la science politique. La réflexion débute par une revue critique de la genèse d’un espace public durant la transition démocratique en Tunisie et de l’instauration d’une culture de régulation audiovisuelle au sein des médias. L’analyse porte sur l’évolution du paysage audiovisuel et le positionnement des médias en fonction des changements politiques durant la décennie de la transition démocratique (2011 – 2021). Elle met en évidence le rôle de la HAICA dans la réforme des médias audiovisuels, conduite dans le respect de l’indépendance des médias vis-à-vis des pouvoirs politiques, le respect des journalistes et de la déontologie de leur métier. Cette recherche, menée selon une approche qualitative, révèle que, en dépit d’un dispositif législatif adapté et des efforts de régulation déployés par la HAICA, les médias publics n’ont pas pu arracher leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ; de plus, les partis politiques s’impliquent désormais largement dans les lignes éditoriales des médias privés, notamment celles des télévisions. Enfin, l’étude montre que les pratiques journalistiques freinent le degré de professionnalisation des journalistes, présentateurs et chroniqueurs politiques.

Title
Media and freedom of expression’s conquest in the contemporary public sphere in Tunisia: forms of media regulation in a period of democratic transition (2011-2021).

Abstract
This thesis focuses on the forms of audiovisual regulation that aimed at anchoring freedom of expression in the post-revolutionary Tunisian media landscape. It highlights the relation between media and political powers in the public sphere during the Tunisi*an democratic transition. This work outlines the extent to which regulation could protect citizens from the authoritarianism of political powers and media excesses. Since independence in 1956, the Tunisian state dominated the audiovisual sector as it was the sole owner of the media and the main employer of journalists. However, the fall of Ben Ali’s political regime in 2011, triggered an irreversible dynamic within the media landscape. Subsequently in 2013, the High Independent Authority of Audiovisual Communication (HAICA) was established to reform the sector and ensure its independence from political powers. The theoretical framework combines work on Public Sphere and theories of the impact of the Media on Public Opinion, the Sociology of Communication and Media and « Democratization Studies », a research field in the Political Science. The reflection begins with a critical review of the genesis of a Public Sphere during the democratic transition in Tunisia and the establishment of a culture of audiovisual regulation within the media sector. The analysis focuses on the evolution of the audiovisual landscape and the positioning of the media according to the political changes during the decade of democratic transition (2011 – 2021). It highlights the role of HAICA in the reform of the audiovisual media, conducted in the respect of the independence of the media vis-à-vis the political power, the respect of journalists and the ethics of their profession. This research, based on a qualitative approach, reveals that, in spite of an adapted legislative device and the efforts of regulation deployed by the HAICA, the public media could not achieve their independence with regard to the political regime; moreover, the political parties got largely involved in the editorial lines of private media, in particular those of televisions. Finally, the study shows that journalistic practices hindered the improvement of the professionalization of journalists, presenters and political columnists.

Jury
Brigitte Juanals (Centre Norbert Elias/Aix-Marseille Université), directrice de thèse
Nicolas Pelissier (I3M/Université Côte d’Azur), président du jury
Jean-Luc Minel (MoDyCo/Université Paris Nanterre), rapporteur
Maryse Carmes (Conservatoire National des Arts et Métiers), rapporteure
Sadok Hammami (Institut de presse et des Sciences de l’information/Université de la Manouba, Tunisie), examinateur

Ecole doctorale
354 : Aix-Marseille Université – Langue, lettres et arts, spécialité « Cultures numériques, médias, communication »