Martina Tuscano soutiendra sa thèse de doctorat en sociologie (EHESS), préparée sous la direction de Claire Lamine (INRA), le 6 décembre 2022 à 14h00, à la Vieille Charité (2e étage, salle A), Marseille.
Le nombre de places disponibles en présentiel étant limité, la soutenance pourra se tenir en mode hybride selon le nombre de demandes. Si vous souhaitez suivre la visioconférence, merci de contacter martina.tuscano@protonmail.com

Titre
L’alimentation au défi de l’écologisation. Une analyse sociologique de l’action publique et de l’action collective dans deux territoires de Provence-Alpes-Côte d’Azur

Résumé
La question écologique investit depuis une vingtaine d’années l’ensemble des domaines sociétaux, l’environnement est ainsi érigé en problème central autour duquel les récits et les projets collectifs doivent être formulés et construits pour être légitimés. Le champ agri-alimentaire n’échappe pas à ces processus d’écologisation et fournit un terrain idéal pour les observer. À partir d’une enquête ethnographique conduite durant trois ans (2017-2020) dans le Var et dans les Alpes Maritimes, cette thèse interroge les modes choisis pour problématiser, adopter ou encore critiquer le dénominateur commun de l’écologie au sein de collectifs associant acteurs hétérogènes autour de l’ambition de transformer les modes de production et de consommation alimentaire. Elle combine socio-anthropologie de l’action publique et sociologie pragmatique de l’action collective et s’attache à comprendre la manière dont les publics, institutionnels, économiques ou de la société civile, s’emparent de la question écologique dans un champ d’action singulier. L’analyse porte d’une part sur des dispositifs et programmes de l’action publique territoriale (e.g. Projets Alimentaires Territoriaux) et de l’autre sur des dispositifs d’action collective ciblés (certifications participatives, actions des structures de l’ESS, mobilisations de consommateurs, groupements de producteurs). D’abord, elle suggère que les récits de l’écologisation fabriqués localement reflètent à la fois l’institutionnalisation de l’environnement et la singularité des deux contextes territoriaux étudiés. Ensuite, elle montre que la problématisation collective de la question écologique peut être source de tensions au sein des collectifs étudiés et notamment lorsque celle-ci vient déstabiliser les routines, les normes et les modes d’organisation établis. Enfin, ce travail montre que l’intégration de la question écologique au tissu social se traduit par une « mise en projet » de l’action, individuelle comme collective, révélatrice d’une quête de nouvelles raisons d’être par temps de crises.

Title
Food facing the challenge of greening. A sociological analysis of public and collective action in two territories of south-eastern France

Abstract
Food facing the challenge of greening. A sociological analysis of public and collective action in two territories of south-eastern France
For the past twenty years, the environmental issue has been present in all areas of society, and it has become the central problem in the formulation of narratives and collective projects. The agri-food system provides an invaluable field for observing processes of ecologisation. Through an ethnographic survey conducted over three years (2017-2020) in the south-est of France, this research examines the ways in which the environmental issue is problematized, adopted or criticised within collectives that associate a range of actors aiming at transforming food production and consumption patterns. It combines a socio-anthropological approach of public action with a pragmatic approach of collective action and focuses on the way in which institutional, economic and civil society actors address the ecological issue in the agri-food field. This study focuses, on the one hand, on territorial public action programmes (e.g., “Projets Alimentaires Terriaux”) and, on the other hand, on targeted collective initiatives (participative certifications, social and solidarity economy initiatives, consumers mobilisations, producers’ groups). Firstly, it suggests that the narratives of ecologisation produced locally reflect both the institutionalisation of environment and the specificity of the two territorial contexts studied. Secondly, it shows that the collective problematization of the environmental question can be a source of tension within the collectives under study, especially when it undermines the established routines, values, and forms of organization. Finally, this work shows that the advent of the environmental question is expressed by a “projectification” of action, both individual and collective, revealing a quest for new purposes in a time of crisis.

Jury
Claire Lamine, INRAE
Carole Barthélémy, Aix-Marseille Université
Bruno Villalba, AgroParisTech
Olivier Lepiller, CIRAD
Béatrice Maurines, Université Lyon II
Valeria Siniscalchi, Centre Norbert Elias/EHESS

Ecole doctorale 
286 « Sciences sociales » – EHESS