Rim Affaya soutiendra sa thèse de doctorat en anthropologie (EHESS), préparée au Centre Norbert Elias sous la direction de Boris Pétric (CNE/CNRS) et Michel Peraldi (CNRS/LEST), le 21 mai 2024 14h00 à l’EHESS Campus Marseille (La Vieille Charité, 2e étage, salle A).
Si vous souhaitez assister à la soutenance en présentiel ou en distanciel, merci de vous rapprocher de Rim (rim-affaya@ehess.fr).

Titre
Caftans, camionnettes et banquettes. Anthropologie de la « mise en commerce » du Maroc en diaspora

Résumé
À la croisée de l’anthropologie économique et de l’anthropologie des migrations, la thèse prend pour objet la culture matérielle marocaine dans sa dimension transnationale et consommatoire. Fondée sur l’analyse de trois activités de circulation marchande globalisée (le transport, l’ameublement et le mariage), l’enquête en question décrit la genèse et l’expansion d’une économie qui utilise l’attachement à l’origine comme une niche lucrative et qui facilite la mobilité des biens, des personnes et des imaginaires en jouant un rôle discret, mais significatif dans la fabrique d’une économie des identités en diaspora. Derrière le volant (chauffeurs de camionnettes), dans une salle de mariage (negafates) et au comptoir des commerces (vendeurs de salons marocains), cette recherche révèle, à la lumière des trajectoires des individus, un continuum social, territorial et moral entre le Maroc et l’Europe et rend intelligible trois fabriques sociales : fabrique d’une promotion sociale, fabrique d’une économie du rituel et fabrique d’objets transnationalisés.
À partir d’une enquête multisituée associant entretiens et ethnographie à Rabat, Tanger et Casablanca, ainsi que dans plusieurs villes de France et de Belgique, la thèse révèle l’ampleur des échanges entre familles et individus, ainsi que la marchandisation de formes traditionnelles de la culture marocaine liée à leur transnationalisation et la désintermédiation permise par les outils numériques. La thèse apporte une contribution originale à l’étude des sociétés dites « post-migratoires » et fait ressortir comment, recontextualisé par rapport à la trajectoire des objets et les carrières des individus, un commerce d’apparence ethnique reconfigure les pratiques de consommation, la citoyenneté et les identités culturelles des sociétés d’accueil comme des sociétés d’origine.

Mots clés : Maroc ; France ; Belgique ; circulation ; migration ; entrepreneuriat ; mobilités ; commerce ; consommation ; travail ; appartenance ; diaspora ; culture matérielle

Title
Caftans, vans and benches. Anthropology of the « commodification » of Morocco in the diaspora

Abstract
The thesis investigates Moroccan material culture from a transnational and consumption perspective by combining economic anthropology and migration anthropology. In the study, we analyze three globalized commercial activities (transport, furniture, traditional Moroccan marriage) to describe the origins and expansion of an economy that makes use of attachment to originate as a lucrative niche. As part of the creation of an economy of identity in the diaspora, it serves a discreet but significant role in facilitating mobility of goods, people, and imaginations. A social, territorial, and moral continuum is revealed between Morocco and Europe in this research, revealing individuals’ trajectories behind the wheel (van drivers), in wedding halls (negafas), and at shop counters (sellers of Moroccan lounges). Among the social fabrications that can be understood are those of social promotion, ritual economy, and transnational objects.

Keywords
Diaspora ; Material Culture ; Consumption ; Belonging ; Entrepreneurship

Jury
Boris Pétric, directeur de recherche au CNRS, Centre Norbert Elias (directeur de thèse)
Michel Peraldi, directeur de recherche émérite au CNRS, LEST (codirecteur de thèse)
Alessando Monsutti, professeur d’anthropologie, Graduate Institute of Geneva, IHEID (rapporteur)
Thomas Lacroix, directeur de recherche au CNRS, Migrinter (rapporteur)
Aomar Boum, professeur d’anthropologie à Université de Californie à Los Angeles
Irène Dos Santos, chargée de recherche au CNRS, URMIS
Delphine Mercier, directrice de recherche au CNRS, LEST-MFO
Camille Schmoll, directrice d’études à l’EHESS, Géographie-cités

École doctorale
286 – EHESS