Umberto Cao présente sa thèse en anthropologie préparée à l’EHESS Campus Marseille en cocutelle avec l’Université de Milano Bicocca (Italie), sous la direction de Valeria Siniscalchi et Alice Bellagamba, le 10 juillet 2019 à 14h00 à l’EHESS Marseille.

Titre
Lutter pour et lutter à travers l’électricité. Ethnographie du mouvement de résistance civile « Luz y Fuerza del Pueblo » du Chiapas, au Mexique

Title
Fighting for and fighting through electricity. An ethnography of the civil resistance movement « Luz y Fuerza del Pueblo », from Chiapas, Mexico

Résumé
La thèse porte sur le mouvement de Résistance Civile « Luz y Fuerza del Pueblo », actif dans l’état du Chiapas, au Mexique. Surgi dans la première moitié des années 2000, le mouvement est notamment composé par des paysans d’origine indigène. Cependant, il ne peut pas être défini en tant que « mouvement paysan » ni en tant que « mouvement indigène » non plus. L’électricité étant au cœur de son existence, il considère celle-ci comme un droit fondamental, pour laquelle revendique un accès universel et non-discriminatoire. Ses activistes se branchent de façon directe au réseau électrique et opèrent une gestion autonome de ce dernier, dans les territoires sous leur contrôle. Au même temps, l’électricité n’est qu’un instrument d’une plus ample lutte politique visant l’autonomie gouvernementale et la justice sociale. Pour cette raison, l’hypothèse selon laquelle le cas de Luz y Fuerza del Pueblo puisse représenter une forme de mobilisation sociale émergente typique de l’âge de l’Anthropocène, est posée et discutée. Le travail s’articule autour de trois parties. La première partie offre une introduction au contexte du Mexique contemporain, à travers les éléments les plus récurrentes dans les narrations que les acteurs sur le terrain produisent pour décrire leurs propres conditions de vie: pauvreté, dégâts des politiqués libérales, violence structurelle, exclusion socioéconomique et politique. Dans la deuxième partie, l’état de l’art de l’anthropologie des mouvements sociaux est délinéé, et les principales orientations théoriques sur lesquelles l’étude s’appuie sont explicités. Plus spécifiquement, les processus historiques et épistémologique qui a amené l’autonomie à s’affirmer en tant que paradigme théorique et politique majeur est retracé, avec une attention particulière à comment – à partir dès derniers décennies du XXe siècle – elle a progressivement inspirés les luttes paysannes d’Amérique Latine. La troisième partie est entièrement consacrée è l’ethnographie du mouvement Luz y Fuerza del Pueblo. Celle-ci se déroule à travers l’analyse détaillée des motivations des activistes, des leurs objectifs politiques et, finalement, de leurs expériences, formes et imaginaires de résistance. Le travail se conclut avec des considérations critiques sur les politiques concernant les peuples indigènes du Chiapas, annoncées par le président « socialiste » Andrés Manuel López Obrador pendant les cent premiers jours de son mandat.

Abstract
The thesis is about the Civil Resistance Movement « Luz y Fuerza del Pueblo », from Chiapas, Mexico. It was born in the first years of the 2000s and the majority of its activists are peasant and indigenous. Though, it can’t be defined as a « peasant movement », nor as an « indigenous movement. At the core of its mission there is electricity, indeed, which the Movement considers as a basic right, whose access – it claims – should be universal and nondiscriminatory. Accordingly, in the territories controlled by its activists, the Movement performs a direct access to the power grid and an autonomous management of it. Yet, at the same time, it makes use of electricity as a means of wider political struggle aimed to autonomy and social justice. In this sense, Luz y Fuerza case may be revealing of a more general trend potentially informing social mobilizations in the Age of Anthropocene. The work is organized in three parts. The first part introduces contemporary Mexico, by means of the main categories local actors mobilized to describe their living conditions: poverty, liberal policies, structural violence, and socioeconomic and political exclusion. The second part defines the state of the art in the anthropology of social movements and the main theoretical references inspiring the study. Specifically, the historical and epistemological process leading to the emergence of autonomy as a theoretical and political paradigm is retraced. And it is shown how this latter has progressively informed Latin-American peasant struggles since the last decades of the 1900s. The third part is completely devoted to the ethnography of Luz y Fuerza del Pueblo. This provides an in-depth representation of the Movement and of its history. Which is followed by an analysis of the motivations for the activists to militate in such a movement. Its political agenda is therefore investigated. The experiences, the forms and the imaginaries of the civil resistance performed by the Movement are eventually observed. In the conclusions, the work proposes some critical insights about the policies on indigenous people and Chiapas, implemented by the « socialist » president Andrés Manuel López Obrador during the first hundred days of his term.

Jury
Valeria Siniscalchi (Directrice de thèse), Centre Norbert Elias/EHESS (France)
Alice Bellagamba (Directrice de thèse), University of Milan-Bicocca (Italie)
Krista Harper, University of Massachusetts, Amherst (Etats-Unis)
José Rubén Orantes Garcia, Universidad Nacional Autónoma de México (Mexique)
Boris Petric, Centre Norbert Elias/CNRS (France)
Silvia Vignato, University of Milan-Bicocca (Italie)

École doctorale
EHESS – Formation doctorale « Sciences sociales – Marseille » (École doctorale 286)
Spécialité : anthropologie sociale et ethnologie