Sandrine,
Tu étais la première à t’indigner face à la maladie et l’injustice. Toujours brillante par ton sourire, tes mots, tes analyses, tu défendais la cause de celles et ceux qui souffrent. Ton engagement pour la vie des autres a été si injustement remercié…
Le Centre Norbert Elias est en deuil et nous t’accompagnons, esseulé·es.

 

Nous avons l’immense tristesse de vous annoncer la disparition de Sandrine Musso, survenue le 7 août dernier après 18 mois de lutte héroïque contre la maladie.

Membre du Centre Norbert Elias, Sandrine avait soutenu en 2008 sa thèse d’anthropologie intitulée « Sida et minorités postcoloniales. Histoire sociale, usages et enjeux de la cible des “migrants” dans les politiques du sida en France » à l’EHESS. Ses recherches et son engagement militant ont fait d’elle une figure de référence en anthropologie politique de la santé et du sida, dont les travaux éclairent les phénomènes de discriminations à l’œuvre dans les catégorisations sociales révélées par les traitements de la maladie et l’accès aux soins.

Élue maîtresse de conférence en 2011 en anthropologie à Aix-Marseille Université, Sandrine y a occupé les fonctions de directrice du département et se consacrait passionnément à son métier d’enseignante. Ses recherches ont continué d’enrichir l’anthropologie du corps et de la santé, du genre, de la globalisation et des migrations, autour des formes de constructions contemporaines de l’ « altérité sanitaire ». Depuis plusieurs années, elle co-organisait le séminaire interlaboratoire « Frontières, temporalités et matérialités au prisme de la santé », point de rencontre entre les chercheur·es, les soignant·es et le monde associatif. Elle a participé au projet « WAIT » (Waiting for an uncertain future: the temporalities of irregular migration) dirigé par Christine Jakobsen au Centre for Women’s and Gender Research, University of Bergen, et était coordinatrice, avec Marc Egrot, de l’un des premiers programme – le projet ANR CoMesCov – portant sur les effets de la pandémie de Covid 19.

Jusqu’au bout, Sandrine a continué de contribuer aux divers projets collectifs dans lesquels elle était engagée, ce dont témoignent ses dernières publications. Membre active, au Centre Norbert Elias, de l’axe “Écologies et soins”, elle a participé à la coordination du numéro “Expériences et politiques des “crises” en santé humaine, animale et environnementale” de la revue Anthropologie et Santé (2021). En tant que spécialiste des questions liées au VIH/Sida, elle a contribué à la coordination du numéro “Face au VIH/sida” (2021) de L’Année du Maghreb et était impliquée dans la préparation d’une exposition au MUCEM (“L’épidémie n’est pas finie”, Marseille, 15 décembre 2021-2 mai 2022). Elle est aussi une des auteures de l’ouvrage Guérir en Afrique (L’Harmattan, 2021). Anthropologue engagée dans sa ville, qu’elle aimait profondément, elle menait également un travail collectif sur les effondrements d’immeubles survenus à Marseille en 2018.

Ces multiples entreprises auront sans aucun doute des prolongements qui nous permettront de continuer de penser à elle et avec elle. Son intelligence vive, sa beauté, sa générosité rare, les discussions et les rires que nous avons partagés laissent une empreinte puissante et rassurante : Sandrine est partie, mais elle demeure vivante en chacune et chacun d’entre nous. C’est le message que nous souhaitons adresser à sa famille et à ses filles, Tatiana et Lilith, avec nos pensées les plus vives et notre sincère amitié.

Liste de publications de Sandrine Musso
Réécouter Sandrine Musso. Sélection d’interventions filmées

• Voir aussi
« Disparition de Sandrine Musso, anthropologue de la santé », AMADES, 9 août 2021.
« Pour Sandrine Musso », communiqué de presse du CNS, 12 août 2021.
« Disparition de Sandrine Musso », Séronet, 12 août 2021.
« L’anthropologie de la santé en deuil », Cécile Josselin, Transversal, 30 août 2021.


Pour celles et ceux qui voudraient envoyer un message de soutien à ses proches, une adresse mail a été créée : sandychery.fm@gmail.com