Dans le contexte de l’épidémie de COVID 19, la recherche médicale s’intensifie pour améliorer le diagnostic, prédire l’évolution de l’épidémie, identifier un traitement antiviral spécifique ou mettre au point un vaccin. En étroite articulation, d’autres chercheurs, ceux des sciences humaines et sociales, s’intéressent à des questions telles que les répercussions sociales du confinement, les représentations de la maladie ou les rites funéraires. Au Centre Norbert Elias, l’anthropologue de la santé Sandrine Musso co-coordonne un nouveau programme ANR qui étudie l’expérience sociale des mesures sanitaires.

Mobilisés dès les premières alertes, Sandrine Musso (Centre Norbert Elias/AMU) et Marc Egrot (LPED/IRD) formulent, dès janvier 2020, un premier projet en lien avec le centre de quarantaine de Carry-le-Rouet pour les rapatriés français de Chine (financement LPED/IRD). Il s’agit de recueillir des données pour étudier la vie sociale de la quarantaine de l’ensemble des acteurs sociaux impliqués ou concernés : bénévoles de la Croix-Rouge française, résidents à Carry, pompiers, personnes placées en confinement. Au fil des jours, face à l’ampleur de l’épidémie, le périmètre de la recherche s’étend à l’analyse d’autres mesures de santé publique (fonds d’amorçage REACTing/Inserm).

En mars 2020, le passage en phase 3 et le confinement généralisé incite l’équipe à s’étoffer davantage et à définir un champ de recherche plus large sur les expériences sociales des mesures sanitaires visant à limiter la transmission du SARS-Cov2 en France, en Italie et aux Etats-Unis. C’est ainsi que le projet ANR COMESCOV voit le jour avec pour objets de recherche : les mesures de protection pour les professionnels paramédicaux en milieu hospitalier ou libéral en partenariat avec l’Hôpital européen de Marseille ; les intervenants institutionnels ou citoyens apportant une aide aux personnes confinées en situation de vulnérabilité ; la construction de nouvelles sociabilités ou activités professionnelles, relationnelles ou ludiques ; l’expérience sociale de « la classe à la maison » et du confinement pour les enfants et les parents ; les changements induits pour les obsèques, funérailles et soins mortuaires.

Ce nouveau programme est lié aux activités au séminaire du Centre Norbert Elias « Frontières, temporalités et matérialités au prisme de la santé » qui, depuis 3 ans, constitue un espace de d’échange précieux en sciences sociales de la santé regroupant aussi bien des chercheurs que des professionnels. Il est également rendu possible par la réactivité du Réseau Anthropologie des Épidémies Émergentes (RAEE), créé en octobre 2014 lors de l’épidémie d’Ebola et qui regroupe plus de 150 chercheurs travaillant principalement en Afrique de l’Ouest. COMESCOV s’articule ainsi avec d’autres programme de recherche sur les épidémies menés par les membres du réseau, notamment le programme « Rites funéraires et épidémies en Côte d’Ivoire » avec Firmin Kra (http://www.lped.fr/rif-pic.html) et le programme « Coronavirus en Afrique de l’Ouest » avec Alice Desclaux (https://shsebola.hypotheses.org/projet-coraf).

 

Dans les médias

 

Francis Akindès, Marc Egrot, Firmin Kra, Gabriele Laborde-Balen, Khoudia Sow et Bernard Taverne
Funeral rites and Covid-19: what must be done to respect tradition and keep people safe

The Conversation, 7 juillet 2020

Francis Akindès, Marc Egrot, Firmin Kra, Gabriele Laborde-Balen, Khoudia Sow et Bernard Taverne
Comment réinventer les rites funéraires en temps de Covid-19 ?
The Conversation, 13 mai 2020

Alice Desclaux
La mondialisation des infox et ses effets sur la santé en Afrique : l’exemple de la chloroquine
The Conversation, 19 mars 2020

 

Illustration : Les murs de la cité universitaire de Dakar, repeints pour afficher des messages de prévention contre le Covid-19. © Alice Desclaux – IRD