Suzanne de Cheveigné est sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS, membre du Centre Nobert Elias. Vendredi 6 janvier 2023, elle a reçu, des mains de Marie Gaille directrice de l’InSHS, la médaille de l’ordre national du Mérite.
Suzanne de Cheveigné a débuté sa carrière en physique de la matière condensée au Groupe de Physique des Solides de l’École Normale Supérieure, recrutée à l’Université Paris VII en 1977, détachée au CNRS en 1984, puis intégrée en 1989. Ses premiers travaux ont porté sur l’étude de phénomènes de surface ou d’interface, analysant la manière dont des molécules s’attachent sur des surfaces de métaux ou d’oxydes aux très basses températures, avec une thèse d’État soutenue en 1981. Elle a ensuite travaillé pendant une dizaine d’années dans le domaine de la physique non-linéaire.
A partir du milieu des années 1990, ses travaux ont évolué vers les sciences sociales, en particulier la relation entre sciences, techniques, environnement et société et s’attachent, au-delà d’un examen des conditions de transfert vers le public des résultats ou de la démarche des scientifiques, à comprendre l’ensemble des jugements et des exigences – éthiques et démocratiques entre autres – que la société exprime à l’égard des sciences. Suzanne de Cheveigné s’est largement attachée à l’analyse des discours des médias, en tant que lieu important de débat public, et de leur réception autour de ces thèmes. Il en découle une réflexion théorique plus large sur la place du savoir scientifique dans une société démocratique. Des travaux sur la précarité énergétique puis sur les dimensions sociales du changement climatique ont fourni un autre terrain d’observation de la construction sociale des questions environnementales. Enfin, des enquêtes et des travaux d’expertise sur la prise en compte du genre dans la recherche scientifique ouvrent une dimension épistémologique.
Suzanne de Cheveigné est l’autrice de L’Environnement dans le journal télévisé. Médiateurs et visions du monde (2000), co-autrice de Les Biotechnologies en débat. Pour une démocratie scientifique (2002) et a coordonné le numéro « Science et médias » de la revue Hermès (n°21, 1997). Elle a présidé le groupe d’experts de la Commission Européenne qui a produit le rapport The Gender Challenge in Research Funding, et le groupe d’experts chargé de l’évaluation à mi-parcours de l’intégration du genre dans le programme Horizon2020. Elle a dirigé les thèses de Ludovic Morand, Akila Nedjar, Jacqueline Chervin, Anne Berthomier, Igor Babou, Giulia Anichini, Johanna Lees, Edgar Charles Mbanza et Nathalie Savalois, et a été directrice du Centre Norbert Elias (UMR 8562, Marseille et Avignon) de 2012 à 2015. Impliquée dans la société civile, elle a dirigé de 2017 à 2019 le réseau national des Compagnons bâtisseurs, une association qui accompagnent les personnes les plus fragiles dans la rénovation ou la construction de leur logement.